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Grèce : l'accord des illusions perdues ?

L'accord sur la Grèce intervenu lundi 13 juillet ne règle en rien les sujets de fond. Les négociations se poursuivent pour éviter à cet accord d'être celui des illusions perdues, dans une Europe en manque de réelle gouvernance économique.
Article rédigé par Lise Jolly
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
  (Angela Merkel, Alexis Tsipras et François Hollande en grande discussion à Bruxelles le week-end dernier © Reuters)

Du temps, il en aura fallu pour tomber d’accord ! Le peuple grec l’aura malheureusement appris à ses dépens, et les prochains mois ne seront guère plus tranquilles.

Mais c’est un fait : la Grèce va rester dans la zone euro. L’unité est sauvegardée, fût-ce au prix de sérieuses tensions entre Etats-membres de l’Eurogroupe. Le couple franco-allemand s’est imposé dans la résolution de la crise et François Hollande peut s'en féliciter.

Bref, tout serait parfait si Athènes ne se retrouvait, de fait, sous tutelle de l’Europe.

 

Peut-on pour autant parler d'échec ?

 

La Grèce est désormais pieds et mains liés, contrainte d’obéir aux injonctions de ses créanciers et partenaires. La faute au jusqu'au-boutiste Premier ministre grec Alexis Tsipras dans les dernières semaines, diront certains… la faute à Bruxelles et au Fonds Monétaire International depuis bien plus longtemps, diront d’autres. Finalement, tout le monde a raison.

La manière dont on est parvenu à l’accord de la dernière chance, lundi 13 juillet au petit matin, est révélatrice des efforts que les pays membres de la zone euro doivent encore fournir en matière de pilotage économique.

Certes, après la crise de 2008, on s’est mis d’accord sur l‘union bancaire pour éviter toute nouvelle crise systémique. Certes, il y a ce Mécanisme européen de stabilité, mobilisable à tout instant si besoin.

Mais menacer un pays de l’éjecter d’une communauté pour le contraindre à retrouver le chemin de la vertu n’est pas un mode de gouvernance en soi. Plutôt une méthode de management musclée, utilisée par des institutions – dont le FMI – qui reconnaissent aujourd’hui avoir fermé les yeux ou ne pas avoir su dire stop quand il était encore temps.

 

L’euro peut-il faire les frais de cette situation ?

 

L'euro bouge à peine. Les marchés ont apprécié le compromis. Mais le mal est plus profond : la manière dont la pression est montée ces derniers jours prouve que la monnaie unique n’est plus irréversible. Qu’elle peut même servir d'outil de pression contre tout Etat qui n’en ferait qu’à sa tête.

On est loin de l’idéal d’une monnaie fédératrice, gage de paix et de sérénité.

Dans les faits, oui l’euro est un pare-feu à l’instabilité des changes. Mais il y a un total décalage entre la réalité du bienfondé de la monnaie unique et la perception qu’en a l’opinion.

En réalité, la crise grecque nous ramène aux fondamentaux : créer l’union monétaire avant l’union politique était une erreur. On est cœur du problème et c’est une des leçons que l’Europe doit tirer de cette crise grecque pour se doter d'une vraie gouvernance économique : celle qui prévoit et anticipe les événements plutôt que de les subir.

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