L'aéronautique française a le vent en poupe
Avec le dossier Alstom, on voit les difficultés de mettre
en place le fameux ''Airbus de l'énergie et du ferroviaire''. Rien de tel dans
l'aéronautique, qui plus est strictement française. En 2013, les membres du
GIFAS (Groupement des Industries Aéronautiques et Spatiales) ont vu leur
chiffre d'affaires progresser de près de 10% pour atteindre 48 milliards
d'euros.
Les exportations ont représenté à elles seules 80% des
ventes. L'aéronautique est le premier poste excédentaire de notre balance
commerciale (22 milliards d'euros) devant les vins et spiritueux.
Comment s'expliquent ces bons résultats ? Sont-ils
le signe de la sortie de crise dont on parle de plus en plus ?
Si l'activité s'est bien portée l'année dernière, c'est
effectivement un signal très positif et encourageant sur l'évolution de notre
économie. Structurellement, les sources du succès et les conséquences sont
facilement identifiable.
1/ L'augmentation continue du trafic aérien (progression
supérieure à 5% l'an en moyenne), a poussé Airbus à augmenter ses cadences de
production.
2/ Pour suivre, les PME et grands équipementiers ont dû
investir ! (ils l'ont fait bien souvent au-delà de leurs capacités d'autofinancement
en empruntant ou en procédant à des augmentations de capital).
3/ Ces entreprises ont augmenté leurs effectifs (+7%
l'année dernière, ce qui n'est pas négligeable sur des effectifs totaux proche
de 300.000 emplois).
Outre les avions et les moteurs, AIRBUS a vu ses
commandes de lanceurs de fusée augmenter : 18 commandes en un an. Tout
bénéfice pour le groupe français SAFRAN, constructeur des moteurs. Quant à
DASSAULT-AVIATION, il a placé plus d'avions d'affaires.
Que donne la photo du tissu d'entreprises françaises dans
ce secteur ?
C'est la photo d'une famille nombreuse, très nombreuse.
Entre les maîtres d'œuvre, les concepteurs de systèmes, les motoristes, les
équipementiers, on arrive à environ 260 entreprises de belle taille, plus de 4.500
fournisseurs, pour la plupart PME/PMI.
Il faut savoir que notre industrie est la seule, après
celle des Etats-Unis, à proposer une gamme complète d'engins spatiaux et
d'équipement de moteurs, sans oublier notre valeur ajoutée, savoir-faire
tricolore. Ce ne sont pas de vains mots. C'est la réalité du verre à moitié
plein du dynamisme de l'économie française qu'il convient d'entretenir.
Qu'en est-il des perspectives ?
L'industrie aéronautique qui devient de plus en plus
civile (83% des commandes passées au GIFAS) prévoit d'embaucher 10.000 personnes
cette année. Seulement voilà, les entreprises ont beaucoup de mal à recruter.
Nous sommes leaders mais nous ne savons plus former nos enfants à prendre le
relais. Par exemple, cette industrie façonne beaucoup de feuilles de titane pour
les fuselages. Et bien on ne trouve plus de techniciens.
Il n'existe plus en France de formation pour
des métiers comme soudeurs ou chaudronniers. De fait, les industriels sont
obligés de poursuivre l'expansion de leur production à l'étranger dans des pays
comme le Maroc.
Au lieu de déplacer les problèmes et de pousser des cris
d'orfraie sur les ravages de la mondialisation, nos gouvernants devraient
prendre cette question réellement à bras le corps. Adapter la formation et
établir des politiques fiscales cohérentes, c'est surtout cela le patriotisme
économique.
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