L' ''exubérance irrationnelle'' des marchés est-elle de retour ?
Fin avril, c’est le patron de la banque américaine J.P Morgan Chase qui poussait un cri d’alarme, invoquant des signaux de plus en plus nombreux.
Hier, ce sont pas moins de quinze grandes banques mondiales – dont les dirigeants de la britannique HSBC et la suisse UBS – qui ont pris leur plume sur le site du World Economic Forum pour alerter les régulateurs bancaires des risques liés à l’actuelle situation des marchés.
Ces propos reflètent-ils la gravité de la situation ?
Regardons les faits. Les places financières volent de record en record. Mardi 19 mai, la bourse de Paris a encore pris plus de 2% et l’indice CAC est à plus de 5.120 points ; les taux d’intérêts sont à un niveau historiquement bas… c'est l'euphorie alors que le chômage est au plus haut, l’investissement des entreprises tarde à repartir et la croissance se fait attendre.
La question est de savoir si nous ne sommes pas totalement déconnectés de la réalité, les marchés en premier.
Peut-on parler de cocktail explosif ?
L’ancien président de la Réserve fédérale américaine, Alan Greenspan, avait parlé en 1996 de l’ « exubérance irrationnelle des marchés » ! Il mettait alors en garde contre une surévaluation du marché des actions.
Aujourd’hui, en mai 2015, on atteint des rapports de 1 à 16, voire de 1 à 20 entre le prix de l’action d’une entreprise et ses bénéfices prévus.
Si cela n’est pas une bulle, qu’est-ce que c’est ? Et quand une bulle spéculative explose, cela fait de gros dégâts : crack obligataire en 1994, bulle informatique en 2000, bulle immobilière avec les suprimes aux Etats-Unis de sinistre mémoire en 2007... la malédiction semble revenir tous les sept ans.
Sans reprise réelle, d’où vient cet argent ?
Il y a d’énormes liquidités en circulation. L’argent facile coule à flot grâce aux banques centrales (Fed aux Etats-Unis, BCE en Europe) qui rachètent chaque mois pour plusieurs dizaines de milliards d’euros (60 milliards par mois en Europe) de dettes souveraines, des obligations, pour soutenir l’économie.
Le marché obligatoire devient donc moins attractif pour les investisseurs qui se tournent vers les marchés actions. CQFD.
Rationnel du point de vue comptable mais irrationnel car très risqué. Tout se passe comme si les opérateurs agissaient en parfaite insouciance sans payer le prix du risque… c'est cela le plus dangereux.
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