Cet article date de plus de douze ans.

L'Iran coupe les vannes vers la France et le Royaume Uni : mesure symbolique qui ravive les tensions

L’Iran a annoncé hier l’arrêt de la vente de son pétrole à la France et au Royaume Uni. Les deux pays militent en faveur de l'arrêt d’ici l’été prochain de tout achat de brut iranien si Téhéran ne coopère pas sur le plan nucléaire. Faut-il s'inquiéter de cette mesure de rétorsion iranienne ?
Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Franceinfo (Franceinfo)

Cette annonce de Téhéran est avant tout symbolique. Les 27 pays membres de l’Union européenne représentent 18% des exportations iraniennes et la France a déjà pratiquement cessé d’importer du pétrole iranien depuis l’an dernier… l'hexagone n’importait alors d’Iran que 3 à 4% de ses besoins en brut (idem pour la Grande-Bretagne). Un groupe comme Total a même stoppé fin 2011 ses achats de brut iranien pour le remplacer par du pétrole d'Arabie saoudite. En fait, par cette mesure de rétorsion, le régime iranien entend garder la tête haute sur la scène mondiale alors que le pays est étranglé par les sanctions internationales déjà effectives. La conséquence la plus importante étant un effondrement de la monnaie locale, le rial.

Cette annonce intervient au moment où les prix du carburant à la pompe sont déjà élevés.

Plusieurs explications : les prix ont augmenté à cause des grands froids que l’on a constatés ces derniers mois et qui ont poussé les pays européens à rouvrir certaines centrales au fioul. En ce mois de février, la demande énergétique est déjà 50% plus élevée que l’an dernier à la même époque... et puis le niveau de l'euro, en recul face au dollar, renchérit le prix des carburants puisque les transactions se font en billets verts (un dollar plus cher, c'est du pétrole plus cher). Cette tension avec l’Iran ne peut que continuer à maintenir la pression sur les prix.


Et pour longtemps encore ?*

Oui. Car si l’annonce d’hier peut être qualifiée d’épiphénomène, les bruits de botte sur Téhéran sont très inquiétants et les menaces de frappes chirurgicales d'Israël sur les sites militaires iraniens pèsent bien plus que tous les autres facteurs. Nul ne connaît les conséquences d'une guerre déclarée avec Israël qui pourrait entraîner notamment une riposte de Téhéran via l’Arabie Saoudite. Ajouter à cela le projet de blocus du détroit d’Ormuz par le régime iranien... 15 millions de barils de brut y transitent chaque jour (c'est 10 fois la consommation annuelle de la France).  On pourrait jouer avec les stocks stratégiques de l'Agence Internationale de l'Energie qui représentent 10 millions de barils/jour pendant un an mais cela n'aurait qu'un temps. Donc, oui, la tension iranienne va s’inscrire durablement comme facteur de hausse du prix des carburants... mais aussi du fioul que les particuliers utilisent pour se chauffer.

Lancez la conversation

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour commenter.