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Le gazole bientôt plus cher !

Le gouvernement a donc décidé de s’attaquer au diesel. La fiscalité de ce dernier va augmenter dès l’an prochain mais celle de l’essence va baisser. Matignon a décidé d’accélérer le mouvement, et ce n’est pas innocent sur le plan du timing.
Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (© Fotolia)

Le gouvernement propose, le Parlement dispose. C’est lui qui tranchera en dernier ressort. Le texte sera inscrit au projet de loi de finances 2016. L’objectif est de réduire sur cinq ans l’écart existant entre le gazole et l’essence. Aujourd’hui, cet écart est de vingt centimes au profit du gazole.

Le calendrier est annoncé, mais pas intégralement

Dès 2016, la taxe sur l’essence sera réduite d’un centime par litre. Mouvement inverse pour le gazole dont la taxation augmentera d’un centime. Rebelote en 2017. Mais pour ce qui est de la suite, on n’en sait pas plus pour l’instant. Est-ce à dire que, pour réduire plus vite l’écart entre les deux carburants, la hausse serait plus importante après l’échéance présidentielle prévue cette année là ? La question reste posée. Matignon annonce une autre mesure, mais qui, cette fois, n’a rien à voir avec les taxes. Elle concerne le parc vieillissant des véhicules diesel qu’il faut absolument renouveler pour le rajeunir. La prime à la conversion passera ainsi de 500 à 1.000 euros.

Peut-on parler d’une mesure strictement environnementale ou faut-il y voir d’autres motivations ?

Il y a deux traductions. La première est politique, la seconde est économique.

Version politique : le gouvernement surfe de toute évidence sur l’affaire Volkswagen. Il saisit la balle au bond pour avancer sur un dossier sensible, à la fois dans la majorité et l’opinion publique. Matignon estime que les esprits sont mûrs. Et puis c’est l’occasion de donner des gages aux écologistes… à l’approche d’échéances électorales, ça peut toujours servir.

Version économique : la consommation du gazole étant supérieure à celle de l’essence aujourd’hui en France – 80% de la consommation totale de carburants –, la réduction de l’écart de taxation générera une recette. De l’ordre de 200 à 250 millions d’euros dès 2016 qui serviront à financer l’allègement de la fiscalité locale sur les contribuables modestes.

Le symbole est fort au moment de la promesse de ne pas augmenter les impôts.

La décision de Manuel Valls est donc plutôt habile. Les utilisateurs du diesel vont le sentir passer… n’oublions pas que la taxe carbone doit déjà alourdir le litre de fuel de deux centimes au 1er janvier prochain. A partir de cette date, cela ne fera donc pas un, mais trois centimes d’augmentation pour ceux qui roulent au diesel. On ne fait pas d’omelette sans casser d’œufs et, dans l’esprit du gouvernement, l’augmentation de la prime au renouvellement du parc automobile compensera.

Décision logique au vu de l’actualité et du débat ambiant. On donne des gages un peu à tout le monde. Il était difficile pour Matignon d’attendre plus longtemps, notamment à un mois de la grande conférence mondiale sur le climat à Paris.

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