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Montebourg - Barroso, pourquoi la guerre des mots ?

On assiste depuis deux jours à un échange de noms d'oiseaux entre le Président de la Commission européenne José Manuel Barroso et le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg. Pour ce dernier, Monsieur Barroso fait le lit du Front National pour le Président de la Commission, "certains souverainistes de gauche parlent comme les extrémistes". Le divorce est-il en train d'être consommé entre Paris et Bruxelles ?
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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On est loin du mariage heureux dans le bateau européen, au point de se demander quelle mouche a bien pu piquer Monsieur Barroso, d'ordinaire d'un naturel plutôt calme. La question vaut tout autant pour Arnaud Montebourg et les autres politiques qui, toutes tendances confondues, se sont laissés aller à une bataille de mots plus ou moins douteux. Ces mots, qui agissent comme autant de soupapes de sécurité, montrent l'état de tension et de fébrilité dans lequel sont actuellement nos dirigeants.

Pourquoi cette subite montée de pression ?

Derrière cette passe d'armes se cachent en réalité deux rendez-vous importants inscrits à l'agenda européen. Le premier cette semaine avec le Sommet des 27 chefs d'Etats et de gouvernements jeudi et vendredi. Le second, l'année prochaine avec les élections au Parlement européen. Dans les deux cas, Paris, Berlin et Bruxelles poussent déjà leurs pions.

Au sommet de cette fin de semaine doit être validé l'appel lancé par Bruxelles au gouvernement Ayrault de respecter la discipline budgétaire. De Paris, on voit Berlin tirer les ficelles et certains membres du Parti Socialiste font porter à l'Europe la responsabilité des efforts à accomplir. Mais attention au discours illisible : la France ne peut pas à la fois prendre dans l'Europe ce qui lui profite et la vouer aux gémonies lorsqu'elle se montre contraignante.

L'autre rendez-vous que vous évoquez : le Parlement européen.

Dans un an, gauche, droite et centre européens vont se livrer bataille lors des élections à Strasbourg. Un scrutin pas comme les autres car de celui-ci pourrait émerger pour la première fois la nomination du Président de la Commission. La bataille entre l'axe libéral et l'axe social a commencé. L'artillerie Merkel-Cameron-Barroso face au fantassin Hollande qui, au mieux, pourrait trouver des renforts du côté de l'Espagne et de l'Italie.


Si tout cela est de bonne guerre, la manière dont elle est menée n'améliore pas l'image de l'Europe...*

Sur la scène internationale d'abord: les Etats-Unis peuvent encore chercher longtemps le numéro de télephone unique qui permet de joindre l'Europe.
Sur le plan européen ensuite : la France qui ne manque pas d'ennemis donne à ces derniers de nouvelles verges pour se faire battre. On imagine les commentaires rigolards en Grande Bretagne,  l'occasion pour Albion d'être encore un peu plus perfide.
Enfin, leçon pour la France elle-même : y-a-t-il un pilote à Bercy dont dépend Arnaud Montebourg ? Comment expliquer le quasi silence du maître des lieux désigné, le ministre de l'Economie Pierre MOSCOVICI ? Volonté de ne pas jeter d'huile sur le feu ou de laisser Montebourg se pousser lui-même vers la sortie ?
Notre image vient de prendre un sérieux un coup. La France malade de l'Europe ou l'Europe malade de la France. Faites vos jeux, rien ne va plus.

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