Panama papers casse le mariage du siècle dans la pharmacie
Le fabricant du Viagra n’avalera pas celui du Botox. Les deux groupes américains Pfizer et Allergan ont abandonné in extremis leur projet de mariage. Et ce n’était pas de petites noces puisque l’opération, évaluée à quelque 140 milliards d’euros, devait créer le numéro un mondial du secteur pharmaceutique devant le suisse Novartis.
Les liens avec les Panama papers
Pfizer et Allergan ont été stoppés net par le "puritanisme" américain. Rien à voir avec le Viagra et le Botox, mais le puritanisme capitaliste et fiscal.
Qu’est-ce que Panama papers si ce n’est la dénonciation des multinationales qui créent des structures dans des paradis fiscaux pour, entre autre, échapper à l’impôt ? Pas plus tard que lundi 4 avril, soit au lendemain du début des révélations du scandale interplanétaire des Panama papers, le département du Trésor américain a annoncé de nouvelles mesures drastiques destinées à freiner l’exil fiscal des multinationales américaines. Ces entreprises qui fuient l’impôt en transférant leur siège social à l’étranger lorsqu’elles fusionnent.
Subtil montage entre Pfizer et Allergan
La fusion à 140 milliards d’euros cachait en réalité une superbe opération d’optimisation fiscale – que les Américains appellent aussi "inversion" ou "évitement" fiscal. Le mariage entre Pfizer et Allergan visait notamment à transférer la résidence principale du nouveau couple en Irlande où est déjà implantée Allergan. L’Irlande, sa pluie fine, son brouillard, sa bière, son whisky et… son paradis fiscal bien connu. L’économie d’impôts pour la nouvelle entité aurait approché le milliard d’euros, un beau manque à gagner pour les caisses publiques outre Atlantique.
Pas de réaction aussi rapide en Europe
En Europe, on discute. Les Etats font les gros yeux aux entreprises et aux banques qui ont mis les doigts dans le pot de confiture, on les convoque dans les ministères, puis après…
En matière de lutte contre l’évasion fiscale, l’UE suit l’OCDE mais n’a pas encore légiféré pour son propre compte. L’Organisation de Coopération et de Développement Economique a mis en place un dispositif baptisé Beps. Il prévoit notamment l’échange de données fiscales ou la déclaration des bénéfices pays par pays. Le dispositif est contraignant mais pas pénalisant. C’est ce qui fait toute la différence entre l’Amérique libérale mais prohibitive et l’Europe libérale mais peut-être un peu trop tolérante.
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