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Politique économique de François Hollande, entre ambitions et challenge

L'intervention du Président de la République François Hollande a suscité beaucoup de commentaires et de réactions. Peut-on dire que l'on y voit un peu plus clair dans la stratégie du Président de la République ?
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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La seule nouveauté que l'on retiendra de cette intervention
télévisée est certainement le chiffrage du taux de croissance de l'économie
française pour 2013. La croissance de la richesse nationale (" le
PIB ", le Produit Intérieur Brut), ce n'est pas un gros mot. Quand on
entend ce terme, il faut le comparer à un thermomètre de l'activité économique
du pays et donc des emplois créés. Hier, le Président de la République a
déclaré qu'il tablait désormais sur un taux de croissance de 0.8% au lieu du
1,2 prévu initialement. On attendait un chiffre précis depuis plusieurs
semaines... on l'a enfin. Le problème c'est qu'une baisse de 0.4 point, telle
qu'elle est désormais envisagée, cela fait 4 milliards en moins pour les
caisses de l'Etat. Autrement dit, il faudra trouver bien plus que les 33
milliards d'euros initialement prévus pour tenir les objectifs budgétaires fin
2013.

Mais le Président de la République a chiffré le retour à
l'équilibre !

Oui, mais il a parlé uniquement de 3 fois 10 milliards. 10
milliards d'euros d'économies sur tous les ministères à l'exception de
l'Education, la Sécurité et la Justice ; 10 milliards d'euros de
prélèvement supplémentaires sur les entreprises (à l'exception des PME), et 10
milliards sur les ménages les plus aisés (il faudra voir au final si les
classes moyennes en sont réellement exclues). Si on résume : 3 fois 10
cela fait 30, auquel on ajoutera les 6 milliards supplémentaires déjà votés en
juillet dans la loi de finances rectificatives. On arrive donc à 36 milliards
d'euros. Tous ces chiffres additionnés suffiront-ils pour remplir les objectifs
? La question reste posée. Enfin : est-ce réaliste de se donner un an pour
inverser la courbe du chômage alors que, pour commencer à stabiliser le nombre
chômeurs, on sait qu'il faut au minimum une croissance d'1 et demi à 1,6%... on
sera bien loin du compte ! Donc le cap a été fixé mais on reste sur notre faim
pour les détails.

François Hollande pouvait-il aller plus loin dans la
démonstration hier soir ?
 

Pas
sûr ! Quelle que soit la couleur, la sensibilité, de nos dirigeants, la crise
économique use de plus en plus le politique. A chaque élection, à chaque
alternance, plus les années passent, plus l'opinion publique attend des idées
neuves et des réponses rapides. Fini l'état de grâce. Les Français veulent du
changement tout de suite mais, vu l'ampleur de la crise, les politiques peuvent
de moins en moins répondre à ces attentes sur le court terme. C'est la
difficile – voire impossible – équation à laquelle est confrontée aujourd'hui
François Hollande, peut-être plus que ses prédécesseurs. D'où l'importance
d'une pédagogie précise, relayée par les partenaires sociaux à travers le
dialogue social.

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