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PSA Peugeot Citroën : Tavares dirigera, Gallois surveillera

Le Conseil de surveillance de PSA Peugeot Citroën s'est choisi un nouveau Président en la personne de Louis Gallois. Ce n'est pas une surprise mais le choix d'un patron "made in France" à l'heure où la Chine s'invite au capital du groupe automobile
Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
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L'annonce intervient à quelques jours de la signature de
l'accord industriel et capitalistique entre PSA et le chinois Dongfeng (mercredi
prochain à l'Elysée, à l'occasion de la visite en France du Président chinois
Xi Jiping). Louis Gallois s'est imposé 
naturellement. Il faut dire qu'il est déjà dans la place à titre
d'observateur public depuis que l'Etat s'est porté caution de 7 milliards
d'euros pour sauver la branche financière du groupe (PSA Finances). Dès le 30
avril à la tête du Conseil de surveillance, Louis Gallois pilotera le groupe
avec Carlos Tavares qui, lui, prendra bientôt les rênes du Directoire de
l'entreprise. Tavares qui dirige, Gallois qui surveille... tout un symbole.

C'est l'arrivée d'un grand commis de l'Etat à la tête
d'une entreprise en difficultés (il faut rappeler que Peugeot a perdu près de 2
milliards et demi d'euros l'année dernière)

Agé de 70 ans, le capitaine d'industrie et patron social
marqué à gauche n'est pas là de prendre sa retraite. Une fois sorti de l'ENA,
il a traîné ses guêtres dans différents cabinets ministériels, à l'Ambassade de
France à Tokyo en tant qu'attaché financier, dirigé le cabinet du ministre
Jean-Pierre Chevènement en 1981 avant de prendre la présidence de la SNCF, puis
de l'avionneur européen EADS.

Il est un peu considéré comme un pompier au service de
l'industrie française

Aux antipodes de l'image du patron richissime, n'hésitant
pas à reverser la part variable de son salaire fixe à des œuvres sociales.
Louis Gallois – à qui l'on doit le rapport du même nom sur la compétitivité de
la France – est un parfait diplomate. Peut-être trop aux yeux de certains qui
relativisent ses réelles capacités à prendre des risques, comme lors de la
signature d'un pacte social avec la CGT-Cheminots qui n'aurait pas profité,
selon ses détracteurs, au redressement du fret SNCF. Il est rare qu'à de tels
niveaux de responsabilité, les dirigeants soient épargnés par la critique.

Sur le fond, quelles leçons faut-il tirer de ce tournant
pris par PSA ?

C'est le signe d'un changement industriel et culturel.
Pour Peugeot, finie la gestion par la famille qui régnait sur l'empire depuis
200 ans. Le chinois Dongfeng va prendre 14% du capital (pour se sortir de
l'ornière, PSA avait besoin d'un soutien stratégique). L'Etat français va
prendre la même participation pour veiller au grain et calmer d'éventuelles
ardeurs chinoises. De fait, Peugeot devient une entreprise semi publique.

C'est le retour direct de l'Etat mais pas à la manière grandiloquente
et à la hussarde d'Arnaud Montebourg. Non. A la manière pragmatique des  bons hommes placés aux bons endroits. Un
interventionnisme décomplexé. On l'a vu hier encore avec les déclarations du
patron de la Caisse des Dépôts et Consignations, bras financier de l'Etat, qui
n'hésitera pas à favoriser un rapprochement SFR-BOUYGUES si le scénario
redevient d'actualité.

Chez PSA, Louis Gallois sera l'œil et la voix de l'Elysée
et de Bercy. Bref, de l'Etat actionnaire. Paradoxe dans un monde présenté comme
de plus en plus libéral ou logique de l'engagement d'un Etat soucieux de la
solidité du tissu industriel de la Nation ? Il y a certainement des deux
mais dans le cas de PSA, tout cela s'est fait normalement, sans idéologie,
seule la logique entrepreneuriale l'a emporté. Après tout, n'est-ce pas cela
l'essentiel ?

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