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Quand le très libéral FMI critique le néolibéralisme

C’est un article pour le moins étonnant que des économistes du Fonds Monétaire International publient dans la dernière revue de l'institution. Ils y critiquent de manière très directe le néolibéralisme et ses effets négatifs, reconnaissant à demi-mot certaines erreurs commises par leur administration
Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
  (illustration prétexte © Maxppp)

Est-ce l'ébauche d’un mea culpa ou d’une réelle prise de conscience des ravages causés par les mesures imposés à certains pays depuis 1980, et plus récemment à la Grèce ? En critiquant le néolibéralisme, les économistes s'en prennent à tout ce qui se rapproche de la doctrine économique basée notamment sur la réduction du rôle de l’Etat providence. Ils estiment que ce néolibéralisme creuse les inégalités, et que ses bienfaits sont exagérés.

 

L’accroissement des inégalités amenuise le niveau et la viabilité de la croissance

 Les auteurs de l'article mettent en avant deux axes de la doctrine néo-libérale : la libre-circulation des capitaux et les politiques d’austérité budgétaire. Ils estiment que si certains capitaux favorisent la croissance, les méthodes utilisées sont sujettes à caution. Avouez que c’est surprenant ! Reconnaître que les transferts de certains capitaux peuvent alimenter la volatilité financière et augmenter les risques de crash, c’est aller à rebours de ce que l’on nous a fait avaler pendant des années.

 

Revirement brutal de situation ou retour à la norme ?

 Les missions assignées au FMI lors de sa création en 1944, dans la foulée des accords de Bretton Woods, étaient de garantir la stabilité du système monétaire international, notamment pour éviter le retour d’une crise de type de celle de 1929. Le médicament a-t-il été mal utilisé ou prescrit en surdose ? C’est ce que semble dire le message envoyé par les auteurs de l’article.

Une déclaration officielle du Fonds monétaire la semaine dernière est d’ailleurs très claire au sujet de la Grèce, et illustre cette nouvelle philosophie : une réduction de la dette grecque doit-être "inconditionnelle", sous-entendu, sans nouveau plan de rigueur ou, au mieux, ne pas être nécessairement liée au respect sur le long terme des objectifs budgétaires fixés.

Les anti-libéraux vont être contents. L’institution dirigée par Christine Lagarde à Washington apporte de l’eau au moulin des chantres de l’altermondialisme.

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