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Réforme du travail, l'urgence ignorée

Les négociations sur le marché du travail ont repris pour, normalement, une dernière journée que tout le monde espère conclusive. Analyse de l'état d'esprit dans lequel se déroulent les discussions.
Article rédigé par franceinfo
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Rappelons-en d'abord le principal objectif : permettre d'adapter le volume de travail au volume d'activité, entreprise par entreprise, pour sauvegarder l'emploi. C'est ce que l'on appelle la "flexibilité". Le mot est loin de faire l'unanimité. En tout cas, cette réforme,  des pays comme l'Allemagne, l'Italie ou l'Espagne l'ont déjà faite. Il y a donc le fond et la forme. Toute négociation se traduit par du donnant-donnant et s'en tenir au raisonnement selon lequel tout se règlerait en interdisant les licenciements, en augmentant les salaires et partageant les richesses, serait se bercer d'illusions. Cela dit, le bras de fer est normal, c'est le propre de tout rapport de force.


Mais la mauvaise situation économique actuelle n'aurait-elle pas dû pousser à un consensus plus rapide entre partenaires sociaux ?*

Si, mais le jeu est à chaque fois tronqué dès le début des discussions car, par principe, la CGT, on le sait, ne signera pas le texte final. CGT, et dans une moins mesure FORCE OUVRIERE, font du refus systématique – de quelle que solution que ce soit – leur fond de commerce. Dans l'absolu, le réformisme est nécessaire pour avancer... certains syndicats ont décidé d'emprunter cette voie et on a bien vu par le passé à quels risques ils s'exposaient. L'ancienne secrétaire générale de la CFDT, Nicole NOTAT, pour ne citer qu'elle, en a gardé quelques souvenirs... remuants. Côté patronat, le réformisme mériterait également d'être mieux vécu.  Hier, on a vu à quel point les oppositions demeuraient vives entre les différentes composantes du MEDEF (grandes, petites entreprises et artisans). Les coups échangés en interne lors de ce dernier round laisseront des cicatrices... je rappelle que les prochaines élections pour la Présidence du mouvement patronal ont lieu en juillet prochain.


Qu'il y ait accord ou pas aujourd'hui, quelles leçons devra-t-on tirer de ces négociations ?*

Soyons optimistes et gageons qu'un consensus se dégage d'ici ce soir. Si ce n'est pas le cas, il y aurait au moins 3 perdants. D'abord l'économie, la croissance et l'emploi. On repartirait de zéro... salariés et entreprises se verraient pénalisés. Autre grand perdant : le Président de la République, François Hollande, qui voulait un accord ''historique''.  Un échec ne ferait que renforcer le désamour déjà grandissant entre l'hôte de l'Elysée et les déçus d'un Etat socialiste jugé incapable d'endiguer les effets du libéralisme. Enfin, le taux de syndicalisation dans les entreprises françaises ! Il est déjà très bas (entre 7 et 8% des salariés du privé sont aujourd'hui encartés). L'attitude de certains syndicalistes jusqu'au-boutistes est contre-productive. Au final, François Hollande l'a promis : si les partenaires sociaux échouent, la loi s'imposera. On aurait pu rêver démocratie moins tendue, démocratie plus légère et plus lisible.

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