Relance de la planche à billets : la BCE va ménager l'Allemagne
Pour bien comprendre, rappelons ce que va faire la BCE : elle va "faire tourner la planche à billets" comme on disait au bon vieux temps... aujourd'hui cela s'appelle "un assoulissement quantitatif". Elle va créer de la monnaie pour acheter de la dette des Etats de la zone euro (peut-être 50 milliards d’euros par mois pendant un an). Plus d’argent va circuler... donc l’euro devrait se déprécier face au dollar et favoriser nos exportations. Plus d’activité relancerait également l’inflation, tournant ainsi le dos à la déflation (la spirale baissière des prix qui, à terme, pèse sur les salaires).
Et alors pourquoi l’Allemagne ne l’entend pas de cette oreille !
1/ Berlin juge l’opération risquée. Pour Angela MERKEL, permettre à certains pays d’éponger leurs dettes plus facilement créerait ce que l’on appelle un « aléa moral » : c’est à dire la tentation pour certains pays de relâcher leur politique budgétaire. Et c’est vrai que le timing est peut-être mal choisi à trois jours des élections législatives en Grèce où la gauche radicale, favorite des sondages, réclame plus de souplesse. Berlin y voit les germes d’une nouvelle crise financière en Europe. 2/ L’Allemagne considère l’euro et la politique monétaire comme un dogme auquel il ne faut toucher. 3/ Elle ne croît pas au risque de déflation durable en Europe et estime que relancer l’inflation nuirait aux épargnants et aux retraités.
La BCE va donc passer outre toutes ces remarques et se mettre les allemands à dos ?
Non, on le verra dans la journée : la banque centrale va donner des gages à Berlin : en posant des conditions au remboursement de la dette pour certains pays ; et en limitant le partage des risques entre les Etats. Berlin ne veut pas payer pour les canards boiteux.
Quelle morale tirez-vous de cette histoire ?
Qu’en voulant régler une cause commune en Europe (relancer la croissance), l’initiative entretient indirectement la « désunion de l’Union » (l’Allemagne va continuer d’imposer son point de vue et peser sur la crédibilité de l'euro-système). Mais la BCE ne peut plus faire marche arrière. Elle a tellement communiqué autour de son plan depuis l’été dernier que toute reculade serait catastrophique : l’euro flamberait, les taux remonteraient, les marchés attaqueraient les dettes des Etats. De deux maux, la BCE a choisi le moindre... mais le pilotage s’annonce très très serré.
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