Retraites : vers une réforme plus comptable que structurelle
Yannick Moreau a rencontré les partenaires sociaux
individuellement en début de semaine et les éléments qui ont fuité ne sont que
des pistes... ils constituent une boîte à outils dans laquelle le gouvernement
ira piocher (sans les prendre toutes) pour combler le déficit du régime qui
devrait atteindre 20 milliards d'euros, l'équivalent d'un point de PIB, en
- Les mesures proposées envoient un signal assez fort mais restent pour la
plupart cantonnées à un aspect comptable. Or, pour ne nombreux experts, il
faudrait adopter dès aujourd'hui des mesures structurelles pour tenir jusqu'à
2035, date à laquelle l'effet baby boomer s'inversera (moins d'entrée à la
retraite conjuguées à la hausse des décès) ce qui aura pour effet de soulager
les comptes.
Pour l'instant, la Commission Moreau propose de mettre tout
le monde à contribution
Elle suggère d'augmenter les cotisations patronales et
syndicales de 0.1 à 0.2 point sur trois ans... que la durée de cotisation
nécessaire pour disposer d'une retraite à taux plein soit allongée à 43 voire
44 ans en accélérant le calendrier de la
précédente réforme Fillon qui avait déjà pote cette durée à 41 ans et demi. Les pensions des
retraités seraient désindexées de l'inflation... elles ne suivraient plus la
hausse des prix... donc : baisse du pouvoir d'achat. Quant à la CSG, le taux qui
frappe les personnes qui ont quitté leur activité (6,6%) serait aligné sur
celui des actifs (7 et demi%). Avant dernier
point proposé : la suppression de l'abattement fiscal de 10% dont
bénéficient les retraités, ainsi que les 10 autres % d'exonération pour les
ménages ayant 3 enfants et plus.
***Le dernier point, et non des moindres, touche les
fonctionnaires
Yannick Moreau propose que le calcul
des pensions des agents publics ne soient plus basés sur les six derniers mois
mais sur les dix meilleures années mais en incluant une partie des primes (dans
le privé, la référence de calcul repose aujourd'hui sur les 25 meilleures
années). Pour la CGT, il s'agirait un casus belli... hors de question de
s'attaquer aux régimes spéciaux. Seulement voilà, même si François Hollande a
récemment déclaré que Paris ne répondrait pas au diktat de Bruxelles, Elysée et
Matignon savent qu'il est urgent d'envoyer des signaux conséquents aux
organismes internationaux qui pressent la France de réformer ses comptes
publics. La réforme des retraites va demander du courage politique. Dans la
crise que traverse le pays, les régimes spéciaux alimentent les tensions... le
rôle du Président est de rétablir l'équilibre financier et une certaine forme
d'équité... c'est aussi cela la justice sociale.
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