David Oelhoffen et Sorj Chalandon pour "Le Quatrième mur" au cinéma, et la 35e édition du Festival Flamenco de Nîmes

Dans Tout Public du mardi 14 janvier 2025, le réalisateur David Oelhoffen et l'écrivain Sorj Chalandon pour le film "Le Quatrième mur", et la 35é édition du Festival Flamenco de Nîmes.
Article rédigé par Frédéric Carbonne
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
David Oelhoffen et Sorj Chalandon, et l'affiche du Festival Flamenco 2025. (FRANCEINFO/RADIO FRANCE - FESTIVAL FLAMENCO)

Le film Le Quatrième mur de David Oelhoffen, fidèle adaptation du roman éponyme de Sorj Chalandon (éditions Grasset), se passe dans le Beyrouth des années 1980, où le metteur en scène utopiste Georges arrive en pleine guerre pour monter la pièce Antigone de Jean Anouilh, dans un pays qu'il ne connaît pas. Pour le journaliste et romancier Sorj Chalandon, le film réussit ce que le protagoniste de cette fiction échoue à faire. En effet, alors que "Georges ne va pas arriver à monter cette pièce de théâtre, David Oelhoffen a réussi à faire ce film en prenant des acteurs dans chaque camp, explique ce dernier. Ces derniers ont des confessions différentes, mais il leur a fait jouer des rôles, des confessions qui ne sont pas les leurs. (…) Donc il a été encore au-delà [de ce que le protagoniste Georges a fait] en demandant à des gens de mettre en scène le chagrin de l'autre camp".

Un mélange entre fiction et réalité qui ne s’arrête pas là, puisque le film a été tourné en 2022, "juste avant que la guerre ne reprenne", rappelle le réalisateur David Oelhoffen. "Le fait d’avoir tourné au Liban donne ce mélange de présent et de passé", partage-t-il. Un choix de tourner dans le pays dans lequel s'ancre le roman qui tenait à cœur au réalisateur.

"J'ai tout de suite senti que c'était aussi un film sur la porosité entre l'illusion et le réel. C'était donc pour moi très important de capter ce réel libanais, de capter Beyrouth."

David Oelhoffen

franceinfo

Comme Sorj Chalandon quand il était grand reporter à Beyrouth, Georges est également témoin du massacre de Sabra et Chatila, en 1982. "C'est quand on doit représenter au cinéma un massacre qu’on se pose le plus de questions en termes d'esthétique et d'éthique… On a peur d'être obscène", confie le cinéaste. Ce dernier explique s’être "accroché aux pages de Sorj [en essayant] de filmer l'effroi sur le visage de quelqu'un, plus que l'effroyable en lui-même". Un parti-pris esthétique validé par Sorj Chalandon lui-même. "Je l'ai exactement vécu dans le film comme je l'ai vécu en vrai. (…) On n'est pas dans l'obscénité du tout, on est dans la retenue."

Le film Le Quatrième mur, en salle dès le 15 janvier 2025.

 

L'innovation version flamenco

Thierry Fiorile emmène Tout Public au bord de la Méditerranée, plus précisément à Nîmes, où se tient le Festival Flamenco qui fête cette année ses 35 ans(Nouvelle fenêtre). Un festival qui s’est professionnalisé au fil des années, et où les formes scéniques et plus élaborées rendent aussi les artistes plus sages. Cela n’empêche pas pour autant certains artistes de mettre à profit les avancées techniques et en termes de décor au service de leur folie créatrice. C’est le cas notamment de Niño de Elche, dont les performances vocales, et même buccales, explorent de nouvelles voies pour être au plus près des racines gitanes et sauvages du flamenco. Un spectacle où se mélangent lumière, guitare, et musique électronique. "La plupart des artistes de flamenco sont plein de complexes, partage le chanteur. Ils ont voulu devenir de grands musiciens classiques et docteurs d'université, avoir autant de technique que les guitaristes classiques, l'oreille absolue, être toujours accompagnés avec un rythme parfait. Ils ont oublié la dissonance, la rugosité, la violence du flamenco, tout ce qui, moi, m'intéresse. Le profane et le sacré sont indissociables, surtout dans le flamenco quand on est iconoclaste."

Une autre artiste qui met l’innovation au service de son art dans cette 35e édition du festival, c’est la danseuse Ana Pérez, qui mélange groove et flamenco dans son spectacle. "C'est la première fois que j'assume et que je me place en tant que musicienne au plateau et pas juste comme danseuse flamenca", confie-t-elle au micro de franceinfo. Cette dernière se réjouit par ailleurs de sa venue dans la ville nîmoise. "J'ai l'impression que c'est une ville flamenca. C'est ce qui est fou : on s'adresse à un public de connaisseurs qui est content et curieux de découvrir de la nouveauté."

Concerto en 37 ½ d’Ana Pérez aura lieu le jeudi 16 janvier 2025 au Théâtre de Nîmes.

La 35e édition du Festival Flamenco au Théâtre de Nîmes, du 9 au 18 janvier 2025.

Une émission avec la participation de Thierry Fiorile, journaliste au service culture de franceinfo.

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