Le photographe clandestin sous l'Occupation Raoul Minot, et l'héritage filmique de Sophie Fillières à ses enfants

Dans Tout Public du mardi 17 septembre 2024, le journaliste Philippe Broussard présente sa série d'articles qui a permis de révéler l'identité du résistant Raoul Minot, les enfants de Sophie Fillières reviennent sur le film que leur mère n'a pas eu le temps de finaliser.
Article rédigé par Frédéric Carbonne
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Philippe Broussard et Agathe Bonitzer, invités de Tout public, le 17 septembre 2024 (FRANCEINFO / RADIOFRANCE)

Philippe Broussard est l’auteur d’une série d’articles parus cet été dans le journal Le Monde, qui retracent l’histoire de mystérieux clichés pris dans le Paris de l’Occupation entre 1940 et 1942. Ces photographies ont été retrouvées par hasard dans une brocante. Les premières recherches permettent d'identifier le photographe, Raoul Minot, décédé à la Libération. Une enquête longue de quatre ans que retrace le journaliste.

Il y a une différence entre ces photos et les archives dont les historiens disposaient déjà : leur caractère amateur et clandestin, puisqu’à l’époque le fait de prendre des photos est formellement interdit par le régime nazi, sans compter le fait que celles-ci sont agrémentées de commentaires moqueurs sur les soldats allemands. Au total, 700 photos ont été récoltées et regorgent d’une grande richesse pour retracer une autre histoire de Paris sous l’Occupation pendant la Deuxième Guerre mondiale.

"En toile de fond, on a une ville captive, une ville muette. On a Paris tel qu'on l'a rarement vu."

Philippe Broussard

franceinfo

Ce week-end, l’auteur de cette série journalistique quasi policière, publie une avancée dans l’enquête, puisque c’est une photographie de Raoul Minot lui-même qui a été retrouvée. Arnaud Papillon, historien à l'Office national des combattants et victimes de guerre, revient sur le moment où Philippe Broussard l’a appelé pour donner un visage au photographe longtemps resté anonyme. "Je crois qu'on mesure mieux maintenant, avec le recul, toute l'importance historique et mémorial de ce lot de photographies.", partage l'historien.

Malgré les nombreuses avancées et le travail mené pour reconstituer une identité à ce résistant qui aurait pu ne jamais être connu de l’Histoire, de nombreux mystères planent encore.

L'ultime film de Sophie Fillières : un héritage à ses enfants

Ma vie ma gueule, film loufoque et mélancolique, n'a pas pu être finalisé par sa réalisatrice Sophie Fillières, disparue juste après le tournage de celui-ci, en juillet 2023. Se sachant condamnée, elle confie à son monteur et à ses enfants, Agathe et Adam Bonitzer, le soin du montage et de travail de postproduction.

Le choix du sujet du film peut être troublant, puisque la réalisatrice met en scène à l'écran un double d'elle-même, traversant la crise de la cinquantaine, et qui se questionne sur la mort, sur ses désirs, et sur elle-même. Mais attention à ne pas y voir là ce qui serait un testament ou une autobiographie. Sa fille Agathe Bonitzer le qualifie plutôt "d'autoportrait", l'écriture du scénario ayant commencé avant qu'elle ne découvre qu'elle était malade.

"Ce qui est étonnant c'est que dans les salles, lors des avant-premières, on a entendu à la fois des gens rire et se moucher dans la même scène ou pour la même réplique."

Agathe Bonitzer

franceinfo

Cette capacité à éveiller des émotions multiples et contradictoires, le film le doit aussi à Agnès Jaoui, qui incarne l'héroïne. Après toute une carrière où les deux actrices et réalisatrices se sont croisées, côtoyées, mais jamais rencontrées, ce film leur aura permis "[de se rencontrer] sur un plan mental, spirituel, moral, raconte Adam Bonitzer. Je pense que le film est le résultat aussi de cette rencontre", ajoute-t-il.

Ce film signe le parachèvement de son œuvre, dont il est d'ailleurs possible de retrouver la rétrospective à la Cinémathèque, qui commencera au même moment que la sortie en salle de Ma vie ma gueule, le mercredi 18 septembre 2024.

Une émission avec la participation de Matteu Maestracci, journaliste au service culture de franceinfo.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.