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Toute dernière fois. 1977, la dernière fois où un condamné à mort est guillotiné en France

Tout l'été, nous revenons sur ces moments où l'histoire s'achève. Le 10 septembre 1977, Hamida Djandoubi, condamné à mort, est le dernier a être exécuté en France à la prison des Baumettes à Marseille.

Article rédigé par franceinfo, Thomas Snégaroff
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Hamida Djandoubi arrive à son procés au tribual d'Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône), le 24 février 1977.  (GERARD FOUET / AFP FILES)

La dernière exécution capitale en France, celle d'Hamida Djandoubi a eu lieu à Marseille, à l'aube d'un matin de septembre 1977. Quatre ans plus tard, l'abolition de la peine de mort, portée par Robert Badinter, sera l'une des toutes premières mesures de François Mitterrand.

Un journaliste : "Hamida Djandoubi, un ouvrier agricole de 28 ans, originaire de Tunisie a été guillotiné ce matin à 4 heures 40 à la prison des Baumettes à Marseille. Cette exécution est la seconde qui intervient cette année. C'est la troisième du septennat de Valéry Giscard d'Estaing qui par ailleurs a accordé quatre fois sa grâce."

Cette archive date du 10 septembre 1977. Hamida Djandoubi est le dernier exécuté avant l’abolition de la peine de mort qui sera votée le 18 septembre 1981.
L’avocat de Djandoubi, le Marseillais Emile Pollak n’avait pas réussi à lui sauver la vie. Lors du procès, les avis des psychiatres avaient été décisifs. Ils avaient conclu que l’accusé représentait "un colossal danger social". Le président Giscard d’Estaing, personnellement hostile à la peine de mort, n’avait pas voulu gracier Djandoubi dont les crimes étaient particulièrement atroces. Ultra-violent, il avait, en présence de deux jeunes femmes, torturé à mort une femme qu’il avait forcé à se prostituer.


Au moment de l’exécution, un sondage révèle que 61 % des Français sont favorables à la peine de mort. Un chiffre en hausse depuis quelques années. En 1968, seulement 50 % y étaient favorables. Un chiffre proche de ce qu’il est aujourd’hui.


La condamnation à mort, prononcée à l'unanimité du jury, a été accueillie par des applaudissements en février. Après le refus de grâce, le 9 septembre il n’y a plus qu’à attendre l’exécution, programmée dès le lendemain, le 10 septembre.
Monique Mabelly est une jeune avocate. Elle est commise d’office pour assister à ce moment qui deviendra historique. Elle assiste à l’entrée du bourreau dans la cellule. Djandoubi dort, les mains entravées par des menottes très serrées.

Conformément à la tradition plus qu’à la loi, le bourreau tend une dernière cigarette au condamné. Il la fume très lentement pour faire durer la vie. Il en demande une deuxième, qu’on lui tend également. Puis vient le verre de rhum, bu, lui aussi et pour la même raison, avec une lenteur extrême. Le verre est vide. Il est temps de s’allonger sur le ventre. Un instant plus tard, dans un bruit sourd, la guillotine vient de faire son funeste travail. Un sang abondant coule sur le sol. Après cette exécution de Djandoubi, plus d'une dizaine de criminels seront encore condamnés à mort en France, mais plus aucun ne sera exécuté.

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