Toute dernière fois. 1981, le dernier combat de Mohamed Ali
Tout l'été, nous revenons sur ces moments où l'histoire s'achève. Le 11 décembre 1981 s'est déroulé le dernier combat de la carrière de Mohamed Ali.
Le dernier combat, peu glorieux, de la carrière de Mohamed Ali a lieu le 11 décembre 1981. On a dû consentir à des rabais de dernière minute. Ce jour-là, 17 000 spectateurs s’installent dans le Queen Elizabeth Sports Center, un stade des Bahamas qui est encore en travaux.
Les promoteurs du combat n’ont pas réussi à l’organiser aux Etats-Unis. Aucun Etat américain n’avait accepté de délivrer une licence à Mohamed Ali en raison de sa piètre performance, en octobre 1980, face à Larry Holmes, son ancien sparring partner devenu champion WBC.
Face à Holmes, il perd avant la limite
Ali avait pourtant annoncé sa retraite quelques mois plus tôt. Mais, l’appât du gain et la volonté de conquérir un quatrième titre de champion du monde des poids lourds, un record, l’ont poussé à remonter sur le ring.
Ali n’est plus que l’ombre de celui qui "fottait comme un papillon et piquait comme une abeille" en 1974, lors de son combat mythique au Zaïre contre George Foreman. Face à Larry Holmes, pour la seule fois de sa carrière, Mohamed Ali perd avant la limite : son entraîneur lui interdisant de reprendre le combat au 11e round. Par la suite, Holmes reconnaîtra qu’il avait retenu ses coups par respect pour son idole.
"Drama in Bahamas"
Le Queen Elizabeth Sports Center n’a même pas prévu de cloche pour sonner la fin des rounds. Il fallut en décrocher une qui pendait au cou d’une vache. Quand Ali monte sur le ring et découvre son corps, on peine à retrouver l’athlète qu’il fut. Ali est gras et le contraste avec son adversaire est total. Le Canado-jamaïcain, Trevor Berbick, n’a que 27 ans et sa carrière est en pleine ascension. Ali a touché 1,1 million de dollars, Berbick, 350 000 dollars.
Comme il était de coutume alors, le combat porte un titre : "Drama in Bahama". C’est en effet assez dramatique. Après quelques premiers rounds plutôt satisfaisants, Ali s’épuise. A partir de la sixième reprise, l’ancien champion du monde prend de plus en plus de coups. Son coup d’œil et son jeu de jambes appartiennent déjà à l’histoire. A l’issue des dix rounds que dure le combat, l’arbitre lève le bras de Berbick, vainqueur par décision unanime des juges.
"Une masse joufflue d'embonpoint"
Claude Mazeau, journaliste à France Inter, offre alors un jugement sévère sur l’ancien champion : "Une question d'âge vous le savez. Chez Mohamed Ali, l'irréparable outrage des ans se porte autour de la ceinture. Une masse joufflue d'embonpoint qui a entrainé l'aiguille de la bascule vers les 107 kilos au moment de la pesée."
"107 kilos mal répartis pour un athlète de 40 ans c'est plus qu'il n'en fallait pour pouvoir trotter autour d'un ring, poursuit le journaliste. L'ex-Cassius Clay, trois fois champion du monde, l'ex-Cassius qui n'en finit pas de faire des come-back a payé cher son goût pour les lipides et les glucides."
Ali raccrochera définitivement les gants au lendemain de ce combat. Quant à Brebick, son dernier vainqueur, il subira, cinq ans plus tard, la foudre d’un autre immense poids lourd : Mike Tyson.
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