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Toute dernière fois. 1986, le dernier Tour de France de Bernard Hinault

Tout l'été, nous revenons sur ces moments où l'histoire s'achève. Le 21 juillet 1986, à l'Alpe d'Huez, Bernard Hinault termine main dans la main avec Greg LeMond... et ne remportera pas son dernier Tour de France.

Article rédigé par franceinfo, Thomas Snégaroff
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Bernard Hinault (à droite) et Greg Lemond (à gauche) grimpent le col de l'Alpe d'Huez, le 21 juillet 1986, sur le Tour de France. (AFP)

C'était il y a exactement 31 ans, le 21 juillet 1986, lors du dernier Tour de France de Bernard Hinault. Le Blaireau l’avait annoncé en début de saison. Secrètement, il espère l’emporter pour entrer, seul, dans l’histoire avec six victoires, surpassant Merckx et Anquetil. Dans l’équipe La Vie Claire, dirigée par Bernard Tapie, les choses sont pourtant clairement et différemment établies : Hinault doit se mettre au service de l’américain Greg LeMond qui, l’année précédente, avait sacrifié ses chances pour favoriser son leader.

Cette année-là, en effet, lors de la fameuse 17e étape du Tour 1985, une étape de montagne qui conduisait les coureurs à Luz-Ardiden, Hinault, respirant difficilement depuis sa chute de Saint-Etienne trois jours plus tôt, avait pu compter sur LeMond qui dût sacrifier ses chances en restant près de son leader et en refusant de suivre l’échappée qui avait distancé le Maillot Jaune Hinault.

Hinault impressionnant

En 1986, le coureur américain est bien décidé à ne pas laisser passer sa chance. Hinault lui a donné sa parole. Il sera le meilleur équipier possible. Mais dès les premières étapes, Hinault impressionne. LeMond semble effacé par le duel Hinault-Fignon qui attire l’attention des médias.

Lors de la première étape de montage, Hinault assomme la course. Il arrive à Pau avec Pedro Delgado et quatre minutes d’avance sur ses adversaires. A la moitié du tour, Hinault compte plus de cinq minutes d’avance sur son dauphin, Greg LeMond. Pour la plupart des suiveurs, la messe est dite, Hinault file vers l’histoire. Fidèle à sa réputation, il veut écraser le Tour et continue d’attaquer à tout-va. Mais, peut-être trop confiant, le coureur breton s’effondre dans la montée vers Superbagnères. En une montée, LeMond lui a repris presque tout son retard. Les deux hommes sont au coude à coude au général.

La montagne comme juge arbitre

Les Alpes serviront de juge de paix tandis que l’ambiance est délétère entre les deux hommes, chacun ayant une partie des coureurs avec lui. Le 21 juillet 1986, jour de l’étape de l’Alpe d’Huez, LeMond est en jaune. Col après col, le peloton explose et les deux hommes se retrouvent seuls en tête avant même la montée de l’Alpe. L’arrivée est mythique : "A moins qu'ils terminent tous les deux en se tenant par l'épaule. Je me demande si cela ne va pas se terminer comme ça. Ce sera premier Hinault, deuxième LeMond. Il y a une longueur qui les sépare."

LeMond offre la victoire d’étape à Hinault. La concurrence est écrasée, le troisième de l’étape terminant à plus de cinq minutes. Le lendemain, L’Equipe titre : Un aigle à deux têtes. Mais Hinault est insatiable. Il affirme que la course est encore ouverte. Malgré une dernière tentative lors de l’ultime contre-la-montre, Hinault ne peut empêcher LeMond de devenir le premier Américain à remporter le Tour. Contrairement à ce qu’il affirmera longtemps, Hinault a bel et bien voulu gagner ce tour. Un tel champion n’aurait jamais accepté de perdre.

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