Les mille et une façons de faire son dernier voyage
Le transport des morts est un voyage qui fait partie de l’histoire de nos civilisations. Depuis les barques funéraires des pharaons il y a plus de 5000 ans, aux corbillards nouvelle génération, que l’on connaît aujourd’hui, ce dernier voyage a beaucoup évolué*.
Le mot corbillard date du Moyen-Age. A l’époque, Paris se ravitaillait par transport fluvial en céréales, vin ou matériaux de construction. Plusieurs ports répondaient à la demande de la capitale, dont celui de Corbeil-Essonnes. Mais au moment de la peste, ces bateaux à fond plat trouvèrent une toute autre utilisation, l’évacuation des morts. Les parisiens appelèrent alors ces embarcations corbeillards, devenus par la suite corbillards. Ces bateaux ont ensuite peu à peu laissé leur place aux voitures et aux trains funéraires dont l’un, connu pour son trajet entre Vincennes et Paris dans les années 30, n’avait que deux wagons. L’un transportait le cercueil et la famille proche et l’autre accueillait le cortège qui se remplissait à chaque arrêt du tramway. Un cortège que l’on retrouvait derrière les corbillards hippomobiles tirés par des chevaux, offrant aux proches la possibilité de célébrer le défunt par une longue procession funéraire.
Aujourd’hui, la marche funéraire a disparu. Les gens sont de plus en plus pressés et, même pour la mort, il s’agit de faire vite. La tradition s’est effacée derrière les lois strictes en ce qui concerne le transport des morts et le déplacement des cendres. Terminé le temps où l’on pouvait séparer les cendres, il existe dorénavant une traçabilité des corps.
Mais ces lois sont réservées à la France et s’offrir une dernière excentricité reste possible à l’étranger. On peut ainsi, comme le dit le dicton "mourir comme on a vécu" . C’est comme ça qu’une londonienne a rejoint sa dernière demeure à bord d’un fameux bus à l’impérial. Et les motards ont aussi le droit à un dernier voyage en moto-corbillard, escorté sur une musique de Led Zeppelin. Être enterré dans un "crazy coffin" à l’anglaise est donc possible. Entre un avion, un camion de pompier, une guitare, une Rolls-Royce ou un skate-board, les anglais ne manquent pas d’imagination pour leur enterrement.
Même si la France est plus stricte, quelques alternatives à l’enterrement classique restent toutefois possibles. On peut par exemple choisir l’enterrement éco-responsable avec un cercueil biodégradable en bambou tressé ou en carton recyclé. On peut aussi planter un arbre qui porte notre nom ou choisir un corbillard électrique pour son dernier voyage. Des corbillards hybrides qui ont d’ailleurs la côte et qui s’inscrivent dans une démarche écologique. Une alternative au corbillard diesel qui par ses émissions inflige une double peine pour les familles dans les processions. Et sachez, que si votre lubie, ce sont les vieilles voitures, la société funéraire l’Autre rive propose un dernier voyage en 2CV corbillard noire, elle tire une petite remorque dans laquelle le cercueil est placé. Une façon de partir comme sur la route des grandes vacances.
Inspiré par la chanson de Brassens Les funérailles d’antan , il a remis en état un vieux corbillard hippomobile. Son souhait est de réapprendre la lenteur dans la mort, tout en s’inscrivant dans une démarche écologique. Aujourd’hui, moyennant quelques aménagements sur son corbillard pour l’adapter aux cercueils d’aujourd’hui, il propose aux familles de retrouver la marche funéraire derrière cette drôle de calèche tirée par un cheval de la région.
Les Américains l’ont fait ! Si vous rêvez d’un dernier voyage en orbite, la société américaine Elysium Space propose, pour la coquette somme de 1.500 euros, d’envoyer une partie de vos cendres dans l’espace. Un grand départ lancé d’une base spatiale en Floride et que vos proches peuvent même suivre en direct sur leur smartphone...
*Page réalisée en collaboration avec Charlotte Peyronnet
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