Transportez-moi. Transport et logistique durant la Première Guerre mondiale
À l'occasion du centenaire de l'Armistice du 11 novembre 1918, retour aujourd'hui sur les transports de la Grande Guerre, les premiers avions de chasse, les premiers chars, sous-marins, et les 11 millions d'animaux, héros oubliés de ce conflit mondial.
Demain dimanche, 11 novembre 2018, sera célébré le centenaire de la signature de l’Armistice qui mit fin aux combats de la Première Guerre mondiale. L’occasion de rappeler qu’une guerre est avant tout un problème de transport et de logistique.
Apparition des blindés, une invention anglaise
Toutes les grandes batailles, qu’elles soient romaines, byzantines ou encore napoléoniennes ont été gagnées ou perdues par la logistique et le ravitaillement, souligne le général Christian Baptiste, ancien directeur du musée de l’Armée. C’est notamment dès 1914 que l’on a vu apparaître en nombre des blindés, une invention anglaise redoutable encore utilisée aujourd’hui dans les théâtres d’opération.
Cette guerre a vu l’apparition de moyens de combat modernes et puissants. C’est une véritable révolution dans la façon de conduire la guerre.
Général Bertrand Ract-Madoux, ancien chef d’état-major de l’Armée de terre
Les chemins de fer et leur place stratégique dans la gestion des conflits
Il y a bien eu les 600 taxis G7 réquisitionnés pour emmener plus de 3 000 soldats sur la Marne, mais évidemment la majorité des soldats ont emprunté les chemins de fer. Le train est devenu la colonne vertébrale et l’incarnation de la Grande Guerre.
L’Armistice de 1918, pourquoi dans un train ? Ce n’est pas par hasard. C’est le choix de la Compagnie des wagons-lits qui représente le succès du mode de vie à l’occidentale : l’Orient-Express, surnommé par les Allemands "der siegerzug", c’est le train des vainqueurs.
Clive Lamming, historien des chemins de fer
Cette infamie s’est inversée 20 ans plus tard dans le même wagon, au même endroit, en forêt de Compiègne, là où fut signé l’Armistice en 1940 avec le régime nazi et qui marqua le début de la funeste collaboration prônée par le maréchal Pétain.
La guerre aérienne
On a d’abord utilisé des cerfs-volants géants qui emmenaient des observateurs en altitude, mais il faut du vent ! Alors on les a remplacés par des ballons qui gonflaient à l’hydrogène, mais ceux-ci étaient trop vulnérables. C’est finalement l’aviation, qui, permettant la maîtrise du ciel, remporta la victoire.
On peut même dire que l’industrie de l’aviation est née en 1914. De 600 avions en 1914 tous pays confondus, on en a construit plus de 20.000 en 1918 sans compter les 100.000 moteurs. On a fait appel à des industriels qui maîtrisaient le travail à la chaîne, précise Stéphane Nicolas, historien en charge du patrimoine chez Michelin.
Michelin constructeur d’avions, c’est en effet peu connu ! Les premiers as sont même devenus des héros comme Fonck, Guynemer, Roland Garros ou encore le Baron Rouge chez les Allemands, qui remporta 80 victoires sur son Fokker triplan.
Ces pilotes étaient issus de la cavalerie, c’est d’ailleurs pourquoi on monte toujours par la gauche dans les avions, y compris pour les passagers aujourd’hui. Au début on lâchait quelques bombes à la main ou des jeux de fléchettes capables de transpercer un cavalier et son cheval, mais en 1918 on a vu l’apparition de vrais bombardiers d’ailleurs capables de voler de nuit.
Le rôle de la marine
On a vu apparaître les premiers porte-avions à cette période. Il faut dire que les avions étaient si légers qu’ils n’avaient pas besoin de beaucoup de distance mais cela préfigurait nos porte-avions d’aujourd’hui.
Mais les Allemands avaient la maîtrise des océans avec leur fameux U-Boot, ces sous-marins qui ont paralysé tout le trafic maritime avec l’Angleterre. À un tel point que lorsqu’ils ont coulé un navire marchand avec une centaine de passagers américains, cela a accéléré l’entrée en guerre des États-Unis.
Hommage de la semaine pour les oubliés de cette hécatombe
Aux côtés des soldats de la Grande Guerre, les animaux ont été présents : plus de 11 millions d'équidés, 100 000 chiens dont des chiens de traineaux venus d’Alaska et plus de 200 000 pigeons. Le général vétérinaire Claude Milhaud aborde dans son ouvrage L’autre hécatombe, la souffrance animale. Certains d’entre eux ont été décorés, comme ce pigeon qui juste avant de mourir gazé, a pu apporter un message qui a permis de sauver des soldats du fort de Vaux.
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