Au Kosovo, une candidate féministe veut bousculer une classe politique dominée par le patriarcat
Vjosa Osmani se présente aux élections législatives de dimanche. Elle se bat contre une classe politique traditionnellement dominée par les hommes.
Le Kosovo, un État aujourd'hui très affaibli sera-t-il dirigé par une femme à l'issue des élections législatives de dimanche 6 octobre ? C'est le pari que tente Vjosa Osmani, qui entend devenir la première dirigeante élue pour changer le destin de ce territoire déshérité au statut incertain.
Vjosa Osmani, 37 ans, fait campagne dans un Kosovo indépendant depuis 2008 et enclavé, au cœur des Balkans, au sud de la Serbie qui conteste son existence. Elle veut bousculer une classe politique traditionnellement dominée par les hommes, à savoir les anciens chefs de la guérilla indépendantiste albanaise, ayant combattu contre les forces serbes à la fin des années 90. Vjosa Osmani les accuse d'incarner une mentalité archaïque, qui a mené le pays dans la situation actuelle.
Lutte contre le patriarcat
L'état des lieux n'est guère fameux. La corruption gangrène à peu près tout et enfonce le pays dans la pauvreté et le chômage, provoquant depuis des années un exode massif. Il reste aujourd'hui deux millions d'habitants, dont la moitié a moins de 25 ans et rêve de circuler sans visa dans l'Union européenne. Les Kosovars restent les seuls ressortissants des Balkans à ne pas avoir ce droit. Le système de santé est défaillant et les perspectives immédiates assez sombres.
C'est une jeune femme éduquée, qui a étudié aux États-Unis et fait campagne sur le thème de la lutte contre le patriarcat. Elle est plutôt charismatique, comme le démontre sa progression au sein de la Ligue démocratique du Kosovo, le parti de centre droit de l'ancien président Ibrahim Rugova. Une formation qui affronte le PDK, issu de l'ancienne guérilla antiserbe. Vjosa Osmani accuse le PDK d'être corrompu, d'étrangler le Kosovo et surtout de s'en prendre à elle en tant que femme. La candidate promet de transformer la manière dont les filles, les femmes et les mères sont traitées au Kosovo.
Les difficiles relations avec la Serbie à prendre en compte
Cette campagne largement féministe lui vaudra sans doute beaucoup de votes parmi les femmes et ses critiques de la corruption et de l'incompétence d'une partie de la classe politique au pouvoir peuvent attirer des voix parmi les jeunes. Mais même si elle arrive en tête des élections dimanche, elle devra former une coalition, ce qui n'est pas gagné d'avance. Et puis en toile de fond de ce scrutin rôdent des accents nationalistes et identitaires.
Le Kosovo est reconnu par une partie de la communauté internationale mais non par l'ONU. Les relations avec la Serbie, le grand voisin, sont exécrables. Les discussions entre les deux capitales restent au point mort. Ce sera l'un des dossiers majeurs de Vjosa Osmani si elle parvient au poste de Premier ministre.
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