Aux Jeux olympiques de Melbourne en 1956, l'URSS et la Hongrie s'affrontent dans un "bain de sang"

Les Jeux olympiques de Melbourne de 1956 ont été le théâtre de nombreux boycotts. En pleine crise du Canal de Suez, l'Égypte, le Liban et l'Irak décident de ne pas participer. Les Pays-Bas, l'Espagne et la Suisse s'abstiennent aussi parce que les chars soviétiques viennent d'envahir la Hongrie.
Article rédigé par Olivier Poujade
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
La tribune du bassin olympique se lève d'indignation alors que Ervin Zador (à droite) est escorté à la suite du coup de tête de Valentin Prokopov qui l'a laissé en sang. (BETTMANN / BETTMANN)

Cet envahissement de la Hongrie par l'URSS va se répercuter dans le bassin olympique de Melbourne, pour la demi-finale de water-polo entre les deux pays. La partie a été si brutale que l'on parle aujourd'hui du "bain de sang" de Melbourne pour évoquer l'agressivité des deux équipes. Dès la mise en jeu, des insultes et des coups s'échangent très rapidemment, à tel point que la légende affirme que l'eau du bassin olympique serait devenue rouge.

À 4-0 en faveur de son équipe, le public hongrois devient hystérique, lorsqu'Ervin Zador, auteur de deux buts sort de la piscine, le visage en sang. Il s'agit du résultat d'un violent coup de tête asséné par son vis-à-vis, le joueur russe Valentin Propokov. Tout cela n'empêchera pas la Hongrie de remporter la médaille d'or, en finale contre la Yougoslavie, mais à la fin des Jeux, plusieurs poloïstes hongrois ne rentreront pas chez eux et demanderont l'asile politique à l'Ouest.

Habituellement, les médaillés d'or sont accueillis chez eux en héros, mais le problème est qu'à Budapest, le gouvernement au pouvoir est très proche de Moscou et c'est d'ailleurs la raison principale du "bain de sang" de Melbourne.

Une révolution sanglante

Quelques semaines avant les Jeux, en Hongrie, des mouvements citoyens sont massivement descendus dans les rues, pour tenter de renverser la République populaire hongroise, considérée comme totalement soumise au pouvoir soviétique. Les étudiants hongrois prennent d'assaut le bâtiment de la radio Magyar, pour diffuser une liste de 16 revendications contre la politique du gouvernement de Matyas Rakosi.

Ce mouvement révolutionnaire a été rapidement coupé dans son élan et brutalement réprimé par les autorités hongroises et avec l'aide de l'Armée Rouge. Sur ordre de Nikita Khrouchtchev, à 4 heures du matin, le 4 novembre 1956, les chars soviétiques franchisent la frontière et écrasent sans aucun ménagement la contestation impulsée par les étudiants hongrois.

La répression fera plusieurs milliers de victimes avec un chiffre de 30 000 morts évoqué. Le traumatisme est profond pour une partie de la population et à son arrivée à Melbourne, à la mi-novembre, la délégation hongroise découpe, retire les symboles soviétiques présents sur le drapeau national et suspend ces étendards aux fenêtres du village olympique. C'est le premier message adressé par les athlètes au mouvement révolutionnaire hongrois et ce soutien sans limite imposera à l'équipe de water-polo de passer par un "bain de sang" contre l'URSS pour décrocher la médaille d'or.

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