Birmanie : la junte s'essouffle face aux groupes armés de la résistance

Le 1er février prochain sera le troisième anniversaire du coup d'État militaire en Birmanie et à l'approche de cette date, l'armée nationale enchaîne les défaites et, selon certains experts, ne contrôle même pas la moitié de son territoire.
Article rédigé par Olivier Poujade
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Le général Min Aung Hlaing est de plus en plus affaibli. (NARONG SANGNAK / MAXPPP)

En Birmanie, les militaires montrent de sérieux signes de faiblesse et les voisins chinois et indiens s'en inquiètent. Sur le terrain, l'armée a perdu, depuis trois ans, presque trois quarts de ses effectifs. Alors qu'elle comptait 350 000 hommes en 2021, ils sont, en 2024, moins de 100 000. Dans le jargon militaire, cela s'appelle une débâcle et celle-ci a été provoquée par les attaques coordonnées de plusieurs mouvements de la résistance birmane.

Dans le Shan, un État frontalier de la Chine, situé dans le nord du pays, Pékin a proposé une médiation et a obtenu un cessez-le-feu. Cependant, six généraux birmans ont été mis à pied et risquent aujourd'hui la peine de mort pour avoir laissé les rebelles prendre le contrôle d'un poste-frontière stratégique pour le commerce entre la Birmanie et la Chine.

L'armée subit également des défaites à l'ouest, aux frontières avec l'Inde et le Bangladesh, avec des images impressionnantes sur les réseaux sociaux de plusieurs dizaines de soldats birmans venus se réfugier côté indien pour échapper au feu nourri des groupes armés de la région. Les attaques sont allées jusqu'à mettre sous pression la police des frontières. Le gouvernement indien a déjà appelé la junte à retrouver la voie de la démocratie et ce genre d'incidents accentuera sans doute la pression diplomatique à laquelle sont aujourd'hui soumis les généraux Birmans.

Les soutiens s'effritent

À l'intérieur du pays, des soutiens de poids commencent à remettre en question les compétences du Conseil administratif d'État, qui est l'organe de direction des généraux au pouvoir. Son président n'est autre que Min Aung Hlaing, l'homme fort de Birmanie et il a été remis en cause le 18 janvier dernier lors du rassemblement du mouvement ultranationaliste bouddhiste, Ma Ba Tha, soutien jusqu'alors historique de la junte depuis le putsch de 2021.

À la tribune, le moine Ashin Ariawuntha demande clairement la démission de Min Aung Hlaing et suggère qu'il soit remplacé par son numéro 2, qui selon lui "a le visage d'un vrai soldat". Le Ma Ba Tha est une association bouddhiste pour la protection de la race et de la religion et elle réclame donc un changement de tête au sommet de la junte. Ce changement pourrait avoir lieu le 31 janvier lors du prochain Conseil de défense, juste avant le troisième anniversaire du putsch.

Si ces moines radicaux birmans sont aussi inquiets, c'est parce qu'ils ont longtemps poussé à la persécution des communautés musulmanes, qui sont des minorités aujourd'hui très actives au sein des différents mouvements de la résistance.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.