Coup d'État raté en Bolivie : la démocratie a vacillé autour du président Luis Arce

Un général bolivien, chef de l'armée de terre, a positionné mercredi ses blindés devant le Palais présidentiel à La Paz. Le président, au pouvoir depuis quatre ans, n'a pas cédé et la Bolivie a évité une crise majeure. Mais cela n'augure rien de bon pour l'avenir.
Article rédigé par Valérie Crova
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Le président bolivien Luis Arce sur le balcon du palais du gouvernement à La Paz, le 26 juin 2024. (AIZAR RALDES / AFP)

"La démocratie a été sauvée", s'est exclamé Luis Arce depuis le balcon du Palais présidentiel, devant une foule venue célébrer l'échec du coup d'État. Le président bolivien a également intronisé le nouveau commandant des forces armées après l'arrestation du général Juan José Zuniga, l'homme qui a tenté de le renverser mercredi 26 juin. Un autre responsable militaire, le chef de la Marine, a été lui aussi arrêté pour soulèvement armé et terrorisme. Les motivations des putschistes ne sont pas très claires : l'ex-chef de l'armée de terre, aujourd'hui déchu, a expliqué vouloir "restructurer la démocratie". En réalité, des rumeurs circulaient depuis mardi sur un possible limogeage de ce haut gradé.

Pourtant, Juan José Zuniga avait pris position contre la possible candidature de l'ancien président Morales, rival de Luis Arce dans le même parti de gauche, le Mouvement vers le socialisme (MAS). Les prochaines élections présidentielles de 2025 devraient voir les deux candidats, Luis Arce et Evo Morales, se battre pour l'investiture du parti. Le général a par ailleurs confié que c'est l'actuel président lui-même, Luis Arce, qui lui aurait demandé de mettre en scène ce coup d'État, pour rehausser sa cote de popularité, ce qui est impossible à vérifier.

Un épisode révélateur des tensions qui règnent en Bolivie à un an de la présidentielle

Pour comprendre, il faut revenir cinq ans en arrière. En 2019, face à l'entêtement d'Evo Morales à vouloir rester au pouvoir, des troubles éclatent en Bolivie. Ils durent plusieurs semaines. L'ancien président Morales est contraint de démissionner et de quitter momentanément la Bolivie. Une sénatrice de l'opposition, Jeanine Anez Chavez, prend alors les rênes du pouvoir qu'elle ne conservera qu'un an. Elle sera ensuite jetée en prison pour sédition, et elle s'y trouve toujours.

Lorsqu'un nouveau scrutin est organisé en 2020, la gauche revient au pouvoir à travers le Mouvement vers le socialisme, le MAS. Mais depuis plusieurs mois, le parti est divisé entre les partisans de l'actuel président, Luis Arce, et ceux d'Evo Morales, qui s'est d'ores et déjà porté candidat pour 2025. En principe, il ne peut pas briguer un troisième mandat, sur décision de la Cour constitutionnelle bolivienne.

Quant à Luis Arce, il n'a pas encore fait connaître sa décision mais il est fort probable qu'il se représentera. Il y aurait donc deux candidats sous la même bannière du parti socialiste. Deux hommes dont la rivalité ne cesse de croître. Si la crise perdure, la droite aurait une chance inespérée de reconquérir la présidence de la Bolivie en 2025.

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