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Élections législatives en Italie : une victoire de l'extrême-droite peut-elle déstabiliser l'Europe ?

Les élections législatives italiennes auront lieu dimanche. Et c'est une tenante de la droite dure, Giorgia Meloni, qui a toutes les chances de sortir victorieuse de ce scrutin. Ce qui n'est pas un détail pour les équilibres politiques en Europe.

Article rédigé par franceinfo - Frédéric Says
Radio France
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Giorgia Meloni, cheffe du parti d'extrême droite italien Fratelli d'Italia (Frères d'Italie), lors d'un rassemblement à Milan, le 11 septembre 2022. (PIERO CRUCIATTI / AFP)

L'Italie, troisième économie de l'Union européenne et aussi le troisième pays par sa population, va-t-elle basculer dans le camp de la droite extrême ? Tous les sondages entrevoient la victoire de Giorgia Meloni dimanche 25 septembre. Son parti Fratelli d'Italia ("Frères d'Italie", post-fascistes) sera l'une des forces motrices - sinon la force principale - de la prochaine coalition au pouvoir, après les élections générales de dimanche.

>> Italie : qui est Giorgia Meloni, l'ultraconservatrice favorite pour succéder à Mario Draghi ?

"Dieu, patrie, famille" : c'est l'un des slogans revendiqués par la potentielle future Première ministre italienne. Elle porte une ligne conservatrice, très identitaire et ferme sur l'immigration. Si l'on dézoome au niveau européen, il y a moins de dix jours, ce sont les Suédois qui plaçaient au pouvoir une alliance entre la droite et l'extrême-droite. La Pologne, elle, est toujours dirigée par un gouvernement ultra-conservateur. En Hongrie, Viktor Orban reste sur sa ligne populiste, autoritaire et eurosceptique. Hors Union européenne, la nouvelle Première ministre britannique Liz Truss revendique un conservatisme affirmé. Elle maintient d'ailleurs le programme d'éloignement des demandeurs d'asile vers le Rwanda, expulsés du territoire britannique le temps que leur dossier soit examiné.

Quand on voit tous ces exemples, tous ces changements politiques, on peut se poser la question: l'Europe qui était largement sociale-démocrate dans les années 2000, puis plutôt aux mains des conservateurs et du centre, dans les années 2010, sera-t-elle le terrain de jeu des populistes de droite, pour cette décennie 2020 ?

Une "droite dure" divisée en Europe

Mais peut-on affirmer que cette élection italienne est de nature à changer le visage politique de l'Europe ? Il faut rester prudent, et ce, pour trois raisons. D'abord, Georgia Meloni, selon son score, aura besoin d'alliés, du soutien d'autres partis. Sauf triomphe absolu dans les urnes, elle ne sera pas la seule à fixer la ligne du gouvernement italien. Ensuite, cette vague populiste et conservatrice ne concerne pas tous les pays européens. Regardons chez nos voisins. L'Espagne et le Portugal ont un gouvernement socialiste. L'Allemagne est dirigée par une coalition entre les sociaux-démocrates, les libéraux et les Verts. En Autriche, c'est une coalition entre la droite et les écologistes. Voilà donc déjà de quoi relativiser.

Troisième raison, en Europe, tous les gouvernements populistes ou de droite dure ne sont pas d'accord entre eux. C'est particulièrement vrai sur les questions internationales, notamment sur l'invasion de l'Ukraine. La Hongrie regarde du côté de Moscou, elle s'oppose aux sanctions contre la Russie. Tandis que la Pologne, elle, est clairement du côté des Ukrainiens. En Italie, cette division existe aussi. Giorgia Meloni, la favorite pour le poste de Première ministre est pro-Ukrainienne, pro-Otan. Mais l'un de ses principaux alliés, Matteo Salvini (patron d'un autre parti La Ligue), a lui posé avec un t-shirt à l'effigie de Vladimir Poutine. Bref, tout ce petit monde ne va pas parler d'une seule voix. Même si Giorgia Meloni soutient le gouvernement hongrois face aux menaces de sanctions par Bruxelles.

Des tensions avec la France ?

Cette possible arrivée au pouvoir de la droite post-fasciste en Italie va-t-elle changer dans la relation avec la France ? Giorgia Meloni est pour l'instant dans une stratégie de normalisation, de respectabilité. Elle fait donc très attention à ne pas alimenter de brouilles diplomatiques. D'ailleurs, elle s'est prononcée pour le maintien du traité d'amitié entre Paris et Rome. Le traité du Quirinal, qui a été signé à la fin de l'année 2021. Pourtant, à l'époque, elle avait voté contre sa ratification. La tonalité, pour l'instant, est donc plutôt à l'apaisement.

Cela dit, les tensions entre la France et l'Italie pourraient ressurgir sur des dossiers bien précis. En particulier l'immigration. Giorgia Meloni en a fait l'un des axes principaux de son programme. On sait que les deux pays se sont souvent renvoyé la balle. À la fois sur l'accueil des bateaux de sauvetage des migrants en mer mais aussi sur la surveillance de la frontière. L'Elysée pourrait bien vite regretter Mario Draghi, le Premier ministre sortant en Italie.

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