En Afghanistan, des négociations de paix historiques et cruciales débutent pour l'avenir du pays
L'Afghanistan, rongé par des années de guerre, entame des discussions historiques à Doha au Qatar. C'est la première fois depuis des décennies qu'une telle délégation afghane se retrouve face aux talibans.
Des négociations de paix ont débuté mardi 15 septembre à Doha, au Qatar, après une ouverture "officielle" samedi, sur l'avenir de l'Afghanistan. Pour la première fois depuis des décennies, toutes les composantes de la société afghane se retrouvent face-à-face avec des talibans pour négocier l'avenir du pays.
Quelques heures à peine après la cérémonie d'ouverture, des policiers, des militaires afghans sont morts dans des attaques de talibans. On dénombre près d'une vingtaine d'attaques en trois jours, un moyen de rappeler quel sera le moyen de pression utilisé pendant ces pourparlers censés amener la paix.
L'enjeu américain, les talibans maîtres du jeu
Il y a d'un côté, les talibans. Ce sont eux qui ont la main. Ils ont imposé leurs conditions en refusant jusqu'à présent toute discussion avec les autorités afghanes.
Tout le processus qui a conduit aux négociations s'est joué directement entre les talibans et les États-Unis, sur une convergence d'intérêt : le départ des troupes américaines d’Afghanistan.
C'est le plus long bourbier militaire des États-Unis : 19 ans de guerre, deux milliards de dollars, 2 400 américains tués. Quitter l'Afghanistan, c'est même une des promesses de campagne de Donald Trump, une urgence pour lui avant l'élection du 3 novembre.
Les talibans, eux aussi, veulent ce départ des Américains. En échange, ils sont prêts à garantir à Washington qu'ils ne laisseront pas l’Afghanistan devenir un sanctuaire pour qui voudrait nuire aux intérêts américains.
Quelle place pour la délégation afghane ?
Face aux talibans, structurés et forts de leur pouvoir de nuisance et de la reconnaissance des américains, on a donc l'autre Afghanistan : une délégation hétéroclite, de représentants de l'État, de représentants de factions qui n'ont jamais été capables jusqu'ici de surmonter leurs divisions, de membres de la société civile. Seulement quatre femmes en font partie, dont la militante féministe Fawzia Koofi, elle-même victime d'un attentat il y a quelques semaines.
La délégation promet de ne pas céder sur la démocratie, les libertés civiles les droits des femmes. Mais elle n'a pas grand-chose sur quoi s'appuyer : ni une vraie entente nationale, ni des institutions fortes.
De son côté, la population afghane épuisée par des années de guerre, n'attend plus qu'une chose : la fin de la violence, pour que le pays puisse enfin se développer. Et le prix, c'est le risque de redonner aux talibans les clés du pays pour qu'ils fassent enfin cesser le chaos.
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