En Australie, la mort de centaines de milliers de poissons suscite l'indignation dans le pays
En plein épisode de sécheresse, des centaines de milliers de poissons d'eau douce sont morts en Australie et les images provoquent la polémique.
En Australie, des dizaines et des dizaines de poissons flottent, ventre à l'air, sur les eaux verdâtres de la rivière. Cela se passe en Nouvelle-Galles du Sud, sur le bien-mal nommé fleuve Darling. Il y a quelques semaines, les autorités avaient déjà compté un million de poissons morts, principalement des carpes et des morues. Certaines étaient âgées de 70 ans et avaient déjà résisté à plusieurs sécheresses.
La sécheresse, pas seule en cause
Une canicule inhabituelle a frappé le sud-est australien ces dernières semaines. Dans la région de Menindee, notamment, les températures ont battu des records, jusqu'à 46°C. Les eaux se sont réchauffées, favorisant le développement d'une algue très toxique. Leur niveau a considérablement baissé. Les poissons se sont asphyxiés. C'est le scénario privilégié par le gouvernement. Mais les ingénieurs hydrologues et les riverains, eux, mettent plutôt en cause les prélèvements systématiques des agriculteurs dans les eaux du bassin de Murray-Darling, le plus grand de tout le pays.
Barnaby Joyce, former Minster for Water Resources, and now Special Envoy for Drought, wants us to believe he has nothing to do with water flows in Darling River or the millions of dead fish repeatedly choking Menindee Lake. Who believes him? #Menindee #MurrayDarling pic.twitter.com/ZbMMdhUAul
— The Bunyip (@WrittenOnWater) 29 janvier 2019
La région agricole s'étend sur plusieurs États. Ces dernières décennies, s'y sont développés des hectares et des hectares de cultures d'irrigation : coton, blé ou riz, qui demandent de grandes quantités d'eau. Un premier plan de rationalisation du bassin a été mis en place en 2007, pour éviter une surexploitation des rivières. Ses détracteurs l'accusent d'avoir été détourné ou, au pire, mal géré - sans qu'il ait en tout cas permis d'empêcher les captations sauvages.
Les images suscitent une indignation nationale
Cette catastrophe a beau être localisée dans le sud-est de l'Australie, elle a un retentissement national. La représentante des Verts, Sarah Hanson-Young, accuse par exemple le gouvernement de ne pas avoir expliqué pourquoi deux lacs de la région ont été drainés deux fois en quatre ans, action qui aurait aggravé la baisse des eaux. Sur le site du Guardian en Australie, un homme témoigne, debout dans l'eau, jusqu'aux genoux, il porte un poisson impressionnant : "C'est vraiment triste, ce qui se passe ici... et le responsable de ce désastre environnemental, c'est le gouvernement ! Regardez ce poisson emblématique d’Australie... Regardez comment il est traité !! Vous devez être dégoûtés de vous-mêmes, vous les politiciens et les producteurs de coton qui nous manipulent", dit-il à nos confrères du Guardian.
À qui la faute ?
Le Premier ministre, Scott Morrisson, a lui aussi parlé de "désastre écologique", sans reconnaître de responsabilité de l'État fédéral. Les autorités locales ont d'abord installé des sortes d'aérateurs dans les fleuves : remède guère plus efficace qu'un pansement sur une jambe de bois. Le ministre local chargé de l'Eau a reconnu sur la chaîne publique ABC que le gouvernement manquait de solutions. "Ce n'est pas une question d'argent, c'est simplement que personne ne propose d'alternatives. La seule chose qui changerait vraiment la situation, c'est de l'eau fraîche qui viendrait dans le bassin". Pour le moment, on ne voit pas comment cela pourrait se produire.
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