Aux États-Unis, les démocrates unis derrière Hakeem Jeffries, premier leader noir à la Chambre
C’est un symbole. Après Barack Obama à la présidence, Kamala Harris à la vice-présidence, voici donc Hakeem Jeffries, premier noir ou métis chef de parti, même si c’est désormais pour diriger l’opposition à la Chambre. Jeffries a 52 ans, et son profil est quasiment à l’opposé de la richissime Nancy Pelosi, 82 ans, qui l’a précédé à ce poste pendant 20 ans. Jeffries est descendant d’esclaves du Cap Vert au large de l’Afrique, il est issu des quartiers modestes de Brooklyn à New York, ses deux parents étaient travailleurs sociaux, son épouse l’est aussi.
Élu de la huitième circonscription de New York, il est avocat de formation, protestant baptiste, et beaucoup l’ont déjà comparé à Barack Obama, pour son charisme et son éloquence. Hakeem Jeffries s’est fait connaître du grand public lors de la procédure de destitution finalement inaboutie contre Donald Trump il y a quatre ans. Jeffries en avait été l’un des acteurs les plus engagés. Malgré ses différences avec Nancy Pelosi, il a été, de longue date, adoubé, cornaqué, préparé à cette fonction par l’élue californienne qui vient donc se retirer.
Une nouvelle génération d'élus
Jeffries incarne une nouvelle génération avec ses deux adjoints : Katherine Clarke, 59 ans, élue du Massachusetts et Pete Aguilar, 43 ans, élu de Californie. Observons que ce trio de direction du parti démocrate ne comporte plus aucun "homme blanc" : il y a là une femme, un métis, un latino.
Ce n’est pas un détail dans un parti et un pays, les États-Unis, où le renouvellement de la classe politique pose question. Un élu sur quatre a plus de 70 ans, c’est trois fois plus qu’il y a 20 ans. L’âge médian au Congrès dépasse les 60 ans. Joe Biden a 80 ans : s’il se représente dans un an et demi, il en aura 82. Donald Trump, déjà candidat, en a 76. Et au Sénat, des figures comme la démocrate Dianne Feinstein ou le républicain Chuck Grassley ont 89 ans.
Ce vieillissement pose question, sur l’état physique de ces dirigeants, et aussi sur leur capacité à porter des idées neuves. Le renouvellement, pourtant longtemps la marque de fabrique de la démocratie américaine, peine à s’opérer. Et comme la vice-présidente Kamala Harris a du mal à s’imposer, Hakeem Jeffries a peut-être "un coup à jouer" dans les années à venir.
Après Barack, Hakeem !
En tout cas, le parti démocrate fait donc bloc derrière Jeffries : six votes en deux jours. Et à six reprises, Jeffries est arrivé en tête, 212 voix, devant le républicain McCarthy 201, incapable de rallier les 20 dissidents républicains radicaux qui lui manquent. Jeffries ne peut pas gagner, la majorité est républicaine. Et à terme, comme il incarne l’aide modérée du parti démocrate, il aura peut-être du mal à rallier les élus les plus à gauche. Mais pour l’instant, la cacophonie des Républicains propulse Jeffries au-devant de la scène, les élus démocrates crient "Hakeem, Hakeem, Hakeem" dans la Chambre. Et l’élu de New York ironise sur son compte Twitter : "La Chambre doit faire passer le peuple avant les politicailleries. Les Républicains font l’inverse".
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