En Corée du Sud, l'arrivée d'un transfuge nord-coréen à la nage provoque la stupeur et l'embarras du gouvernement
L'évasion est spectaculaire : un jeune Nord-Coréen a réussi à passer la frontière sud-coréenne à la nage.
Six heures de nage pour contourner l’une des frontières les plus militarisées du monde, la fameuse DMZ, longue de 250 km . Cette frontière qui sépare les deux Corées est réputée infranchissable et pour cause : elle est truffée de mines, il y a des barbelés tout le long et elle est surveillée par des milliers de militaires.
Ce jeune Nord-Coréen a donc mis une combinaison de plongée, chaussé des palmes et il a nagé pendant six heures. Les courants de la côte est de la mer du Japon ont semble-t-il joué en sa faveur. Puis, une fois sur la terre ferme, il s’est glissé dans une canalisation d’eau qui passe sous les barbelés et le tour était joué…
Au-delà de l’exploit sportif, son périple pose la question de l’efficacité de la vidéosurveillance. Car le jeune homme est apparu huit fois sur les caméras. Son passage a même déclenché deux alarmes. Quand les militaires sud-coréens l’ont enfin repéré, il leur a fallu trois heures pour le retrouver. Le gouvernement sud-coréen a fait son mea culpa : le ministre de la Défense a reconnu que le système de surveillance était défaillant dans cette zone.
Les transfuges passent en général par la Chine
Depuis la fin de la guerre de Corée en 1953, on estime qu’environ 30 000 Nord-Coréens ont fui la répression dans leur pays pour passer au sud. L'an dernier, ils n’étaient que 229 en raison de la fermeture des frontières verrouillées par Pyongyang pour lutter contre le coronavirus. Mais il est rare qu’ils franchissent la fameuse DMZ : l'immense majorité des transfuges nord-coréens passent par la frontière chinoise, beaucoup plus poreuse, avant de gagner la Corée du Sud par un pays tiers. Les cas de défection à travers la zone démilitarisée sont rarissimes. Le dernier passage du genre date du mois de novembre dernier. Un jeune gymnaste nord-coréen a sauté par-dessus une clôture de trois mètres de haut sans déclencher d’alarme. C’est tellement incroyable que les garde-frontières sud-coréens, incrédules, lui avaient demandé de refaire le saut devant eux…
Le régime sud-coréen embarrassé
Ce ne sont pas quelques cas de défection qui peuvent remettre en cause le rapprochement entre les deux Corées. Mais on voit bien l’embarras de Séoul alors que le président sud-coréen se démène pour faire aboutir des discussions entamées il y a deux ans et qui achoppent toujours sur le dossier du nucléaire nord-coréen. Le président Moon avait proposé en 2019 de transformer la DMZ en une zone de paix internationale. La nouvelle zone pourrait même être inscrite au patrimoine mondial de l'humanité. On n’en est pas encore là… C’est un nouveau chapitre à écrire dans les relations entre les deux pays.
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