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États-Unis : la Chine, la Russie et l'Iran ironisent après les violences au Capitole

Après l'invasion du Capitole à Washington, les démocraties du monde entier s’inquiètent. En revanche, les régimes autoritaires se frottent les mains et y voient un révélateur du déclin de la démocratie.

Article rédigé par franceinfo - Jean-Marc Four
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le président iranien lors d'une conférence vidéo le 7 janvier, dans laquelle il a réagi aux violences réalisées au Capitole à Washington la veille.  (AFP PHOTO / HO / IRANIAN PRESIDENCY)

Après les violences perpétrées au Capitole, à Washington, mercredi 6 janvier, les trois réactions les plus significatives sont celles venus de Moscou, de Téhéran et d'abord de Pékin. "Nous espérons un retour à l’ordre aux États-Unis", a commenté le porte-parole du ministère des affaires étrangères chinois. Les événements du Capitole sont très commentés sur les réseaux sociaux chinois, qui sont contrôlés et censurés, cela suscite donc beaucoup de sarcasmes.

>> Suivez en direct les réactions au lendemain de l'intrusion dans le Capitole

Même tonalité à Moscou : pour le président de la commission des affaires étrangères au Sénat russe, "la démocratie américaine boite des deux pieds". Sur sa page Facebook, Konstantin Kosatchev renvoie les deux camps dos à dos. Il justifie, en partie, la colère des Trumpistes, vu que selon lui, "il y a des raisons suffisantes pour parler de falsification du scrutin".

Enfin l’Iran, ennemi juré de Washington et particulièrement de Trump. Le président iranien Hassan Rohani estime que les événements aux États-Unis montrent "à quel point la démocratie occidentale est vulnérable et fragile".

Le parallèle avec Hong Kong

Les régimes autoritaires vont pouvoir brandir ces événements de Washington pour dire aux États-Unis "mêlez-vous dorénavant de ce qui vous regarde". Et là évidemment, c’est d’abord la Chine qui jubile, la Chine très critiquée pour la répression à Hong Kong. Toute la presse officielle chinoise dresse un parallèle, puisque les militants pro-démocratie de Hong Kong ont un temps envahi eux aussi le Parlement local.

Il y a donc deux poids deux mesures, disent les commentateurs : "Pourquoi, comme le font les Occidentaux, affirmer que l’invasion du Parlement à Hong Kong est un soulèvement démocratique, mais considérer que l’invasion du Capitole à Washington est une insurrection séditieuse ? Soyez logiques : tout cela, c’est de la violence, il faut la réprimer, cessez de critiquer la reprise en main de Hong Kong."

Plus largement, de nombreux commentateurs dans le monde l’affirment : les Américains n’ont plus le droit de venir nous faire la leçon en disant qu’ils viennent nous sauver pour instaurer la démocratie. "L’Amérique a perdu le Nord, elle n’a plus aucun droit de donner un cap et encore moins de l’imposer aux autres", a ainsi estimé Konstantin Kosatchev.

Le déclin de la démocratie occidentale

Les régimes autoritaires y voient aussi la confirmation du déclin du modèle démocratique occidental. Le pouvoir chinois est persuadé que son modèle est meilleur, que le mélange d’autoritarisme politique et de croissance économique est plus efficace et qu’il va s’imposer dans les années à venir.

Les événements du Capitole affaiblissent donc toute la démocratie. La formule la plus cinglante est signée d’un célèbre commentateur politique brésilien, Felipe Neto, une référence très ironique à l’interventionnisme américain dans le monde depuis un demi-siècle : "J’attends maintenant que les États-Unis envahissent les États-Unis pour y rétablir la démocratie."

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