Guerre en Ukraine : fort en Hongrie, Viktor Orban plus isolé que jamais en Europe
Au mois de juillet, "Un Monde d’avance" s’intéresse à la nouvelle donne diplomatique née de la guerre en Ukraine. Ce lundi, cap sur la Hongrie, où le premier ministre ultranationaliste Viktor Orban a utilisé la guerre pour raffermir encore sa main-mise... quitte à s'isoler.
"C’est une victoire si énorme qu’on peut sans doute la voir depuis la Lune, et, en tout cas, certainement depuis Bruxelles !": il avait contre lui une opposition unie, une Europe inquiète et la guerre à ses portes, pourtant, au soir du 3 avril 2022, Viktor Orban triomphe. Déjouant les pronostics, son parti remporte haut la main les législatives et conserve sa majorité des deux tiers au parlement. La vie politique est verrouillée, le clientélisme bien rodé, les contre-pouvoirs méthodiquement saccagés et les médias aux ordres. Le premier ministre rempile donc pour un 4ème mandat, brisant l’espoir de ceux qui voulaient rompre avec l’illibéralisme et la "révolution conservatrice".
La guerre en Ukraine, et son amitié encombrante avec Vladimir Poutine, auraient pu le desservir, mais il en a fait un atout, transformant son refus de choisir l’Ukraine contre la Russie en argument de campagne : la paix plutôt que la guerre. Un message porteur dans son électorat, comme Eva : "Je suis grand-mère, je veux la paix, et c'est pour ça que je vote pour lui, parce qu'il ne veut pas intervenir dans cette guerre."
Plus isolé que jamais
Le 24 mai dernier, Viktor Orban accentue encore sa main-mise : l'état d'urgence, décrété sous Covid, est confirmé, au nom de la guerre en Ukraine. La plupart des réfugiés, accueillis au début du conflit, sont pourtant repartis vers d’autres pays. Et, si, comme ailleurs en Europe, l'inflation galope, les prix des hydrocarbures sont contenus. Gaz et pétrole russes continuent en effet d'être achetés à prix d'ami. Au Conseil européen, la Hongrie freine autant qu'elle peut les projets d'embargo sur le gaz et elle obtient une exemption pour le pétrole acheminé par oléoduc. "Dans l'intérêt de l'Union européenne, la Hongrie ne bloque pas les sanctions, tant qu’elles ne franchissent pas la ligne rouge, à savoir la défense de la sécurité de la Hongrie. En d’autres termes : tant qu’elles ne menacent pas notre sécurité énergétique", a-t-on pu entendre lors du discours d'investiture de Viktor Orban, devant le Parlement hongrois, le 16 mai 2022.
En son pays, Orban crie victoire, mais à l'extérieur, il est plus isolé que jamais. Même la Pologne se détourne de lui et se réarrime à l'Europe, comme tête de pont du soutien à l'Ukraine. Varsovie se rabiboche avec Bruxelles, pendant que Budapest persiste à jouer les trouble-fête. Résultat : la Hongrie est aujourd'hui le seul pays de l'UE à attendre encore le feu vert de Bruxelles à son plan de relance. Quelque quinze milliards de subsides européens, dont Orban a absolument besoin pour financer ses cadeaux électoraux. Payants sur le plan politique, mais très coûteux pour les finances publiques.
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