Guerre en Ukraine : un pilote russe déserteur abattu près d’Alicante en Espagne

Le corps de Maxim Kouzminov, déserteur de l'armée russe, a été retrouvé criblé de balles dans un parking souterrain près de la ville d'Alicante en Espagne.
Article rédigé par Olivier Poujade
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le déserteur russe Maxim Kouzminov, lors d'une conférence de presse en Ukraine, en septembre 2023. (STR / EPA)

Maxim Kouzminov a été victime d'un assassinat ciblé, le 13 février 2024. C'est l'une des grandes spécialités des renseignements russes. Les autorités espagnoles ont mis près d'une semaine à l'identifier car il était en possession de faux papiers qui lui avaient été fournis par les services spéciaux ukrainiens, après le succès de l'opération "Synytsia" à la fin de l'été 2023. Kouzminov, 28 ans, pilote d'hélicoptère, était parvenu à franchir la frontière et rejoindre Kharkiv, en Ukraine, en volant à basse altitude. Il avait échappé aux radars et livré aux Ukrainiens, un hélicoptère Mi 8, des documents confidentiels et de la technologie militaire de pointe.

Ce fait de guerre magistral pour l'armée ukrainienne avait été une humiliation terrible pour le Kremlin. À son arrivée à Kharkiv, le déserteur russe a été accueilli en héros. Il a reçu une récompense de près de 500 000 euros et a révélé tous les détails du plan que lui ont soumis les renseignements ukrainiens. "Une fois ma sécurité et ma compensation monétaire réglées, nous avons commencé à planifier mon vol, expliquait Maxim Kouzminov à la télévision ukrainienne. Mon objectif n'est pas de rester, car je sais très bien comment cela va se terminer. L'Ukraine va gagner cette guerre. Moi, j’en ai déjà beaucoup bavé. Personne ne veut cette guerre. Vous verrez, ce n'est qu'une question de temps avant que l'Ukraine ne gagne."

Après l'opération, le jeune pilote russe a donné plusieurs interviews, sans se cacher, puis il a rejoint une petite ville de la côte du sud espagnole, où il a tenté d'échapper au GRU, le tout-puissant service de renseignement militaire russe.

Menace mise à exécution

Dans les semaines qui ont suivi l’opération Synytsia, la télévision russe laisse clairement entendre que cette trahison ne restera pas impunie et Kouzminov le savait parfaitement. Il répétait lui-même que son élimination n’était "qu’une question de temps". Tous les citoyens russes à travers le monde qui sont en désaccord avec le Kremlin savent qu’ils seront pourchassés. Leur sort dépend de la gravité du crime qu’ils ont commis aux yeux du pouvoir russe.

Traquer les traîtres et les ennemis du pouvoir, au-delà des frontières est une spécialité russe. C’est une des missions de l’unité 29155 du GRU, des agents de l’étranger spécialisés dans les opérations clandestines depuis des décennies. Dès les premières heures de la guerre en Afghanistan, à la fin des années 70, les Spetznaz, les forces spéciales, ont atteint le cœur du pouvoir en assassinant le président afghan. Plus près de la France, ils sont à l’origine de l’empoisonnement, en 2018, de Sergueï Skripal, un ancien de la maison, passé dans le camp britannique.

La liste de ces opérations est très longue et, bien sûr, le Kremlin dément fermement ces opérations. Dans le cas de Maxim Kouzminov, la drogue et l'alcool sont à l'origine de sa mort, selon la version officielle des médias russes.

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