Hausse spectaculaire d'humanitaires tués dans les conflits, sans que "personne ne rende de comptes", alerte l'ONU

Les travailleurs humanitaires ont été visés par des violences "inadmissibles" en 2023, selon l'ONU. Dans le monde, 280 d'entre eux ont trouvé la mort cette année-là. Une hausse spectaculaire liée à la guerre à Gaza et un nombre qui pourrait s'aggraver en 2024.
Article rédigé par Julie Pietri
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3 min
Face à la hausse du nombre de morts d'humanitaires souvent impunis, l’ONU interpelle les chefs d’État à prendre leurs responsabilités. Photo d'illustration. (ABED RAHIM KHATIB  \ APAIMAGES / MAXPPP)

En 2023, 280 humanitaires ont trouvé la mort dans l'ensemble des conflits du monde. Ce chiffre a plus que doublé par rapport à 2022. Cette violence devient "normale", s’indigne l’ONU et "personne ne rend de comptes". Ces deux constats sont "inacceptables, inadmissibles et extrêmement dangereux pour les opérations humanitaires, partout", déclare l'organisation lundi 19 août 2024, à l'occasion de la Journée mondiale de l'aide humanitaire, qui rappelle la responsabilité collective dans la protection des civils et des travailleurs humanitaires dans les conflits et autres crises.

"Du jamais vu" en 2023, peut-être pire en 2024

Sur les 280 humanitaires tués, 163 l'ont été à Gaza, lors des trois premiers mois de la guerre, surtout dans des frappes aériennes. Images de véhicules éventrés, récits de tirs de soldats israéliens lors de distribution d’aide alimentaire chaotique, le personnel onusien qui travaille avec les réfugiés palestiniens a été le plus touché. "C'est inadmissible", disait déjà en avril Antonio Guterres, le secrétaire général des Nations unies, "mais c'est le résultat inévitable de la manière dont la guerre est menée". Parmi les 40 000 morts à Gaza, il y a tellement de civils ; les humanitaires tentent de les accompagner.

L'ONU rappelle que le danger qui menace les humanitaires court dans 33 pays au total. En 2023, 34 humanitaires sont morts au Soudan du Sud, et 25 au Soudan, les deux pays où se situent les conflits les plus meurtriers après celui d'Israël avec le Hamas. Mais si 2023 a été terrible, du "jamais vu", l’ONU s’inquiète aussi pour l’année 2024. Depuis le début de l’année, il y a eu le cas très médiatisé, à Gaza, de ces sept personnes qui travaillaient pour l’ONG World Central Kitchen. Le convoi de l'organisation, qui procure des repas frais en zones dangereuses, a été visé à tort par trois frappes israéliennes. Trois Britanniques sont morts, ainsi qu'un Palestinien, un Américano-Canadien, une Australienne et un Polonais. Le rapport d’enquête du gouvernement australien a conclu à une "sérieuse défaillance de l’armée israélienne".

Aujourd’hui, toujours à Gaza, l’ONU demande des pauses dans les combats pour que ses équipes puissent, avec un minimum de sécurité, vacciner 640 000 enfants. La polio est de retour sur le petit territoire après 25 ans d’absence.

Une vidéo pour interpeller les chefs d'État

Face aux crimes commis, souvent en toute impunité, l’ONU a mis en ligne une vidéo dans laquelle les chefs d’État sont appelés à prendre leurs responsabilités. "Vous vous êtes engagés à protéger les civils de la guerre, les travailleurs humanitaires, à soutenir la ligne de vie, la bouée de sauvetage qu’ils offrent, énonce la vidéo par-dessus ses images : Ce que nous voyons là, c’est le résultat de votre échec. Vous avez besoin de voir quoi de plus avant d’agir ?"

Parallèlement, l’ONU appelle le grand public à partager en soutien le hashtag "Act for Humanity" sur les réseaux sociaux.

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