Inde : Narendra Modi réélu d’une courte tête pour un troisième mandat

Le Premier ministre indien revendique la victoire, mais avec une majorité parlementaire réduite, et une opposition qui sort renforcée. Un plan de réformes économiques précis a déjà été imaginé pour marquer les cent premiers jours de la nouvelle ère "Modi 3.0".
Article rédigé par Olivier Poujade
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Narendra Modi, le Premier ministre indien, revendique sa troisième victoire après les élections législatives, le 4 juin 2024. (MONEY SHARMA / AFP)

En Inde, au terme de l’exercice démocratique le plus volumineux de la planète, avec plus de 950 millions d’électeurs inscrits, le Premier ministre indien Narendra Modi a revendiqué la victoire pour son parti le BJP et ses alliés mardi 4 juin aux élections législatives. Les résultats ne sont pas encore définitifs. L’opposition devrait sortir renforcée de cette élection, mais tout indique que le BJP conservera une courte majorité et donc que Narendra Modi sera reconduit pour un troisième mandat.

On peut déjà tirer quelques enseignements sur l’avènement, au forceps, du "Modi 3.0". Un troisième mandat que tous les sondeurs et tous les analystes ont annoncé comme inévitable. D’une part, il apparaît que le BJP, son parti, ne pourra pas gouverner seul, ce qui donnera de fait plus de poids aux autres membres de la coalition gouvernementale. Ensuite, l’opposition est en passe de doubler son nombre de sièges au Parlement. Et enfin, sur le plan personnel, Narendra Modi conserve son poste de député, mais avec cinq fois moins de voix que lors de la précédente élection. Conclusion, si le statut de leader de Narendra Modi n’est pas remis en cause, sa toute-puissance est aujourd’hui contestée.

Des priorités fixées bien avant le résultat

C’est l’expression de "l’incroyable puissance de la démocratie indienne", pour reprendre les termes du chef de la commission électorale, en dépit des efforts du gouvernement et du BJP pour bâillonner l’opposition et réprimer les minorités musulmanes. Pendant la campagne, de nombreux journalistes locaux, des correspondants étrangers ont subi la pression des autorités. Un mal nécessaire justifié par ce diplomate nationaliste indien proche de Narendra Modi : "Nous avons beaucoup de minorités actives dans notre société et nous ne voulons pas qu’elles soient influencées par d’autres pays. Ça nous compliquerait la tâche. Comme en Géorgie, regardez, leur loi sur les agents de l’étranger est beaucoup moins dure que celle en vigueur aux États-Unis. Et malgré ça, elle a provoqué des émeutes massives, qui ont même été soutenues par des ministres européens. Nous devons être prudents chez nous".

En 2023, l’Inde est le pays qui a le plus privé ses populations de l’accès à internet, avec 84 coupures, soit six fois plus que L’Iran et dix fois plus que la Birmanie. Les électeurs indiens sont donc passés par les urnes pour envoyer un message à leur Premier ministre. Une sanction relative, car tout indique que Narendra Modi restera Premier ministre. Et tout est déjà prêt. Un plan de réformes économiques précis a déjà été imaginé pour marquer les cent premiers jours de la nouvelle ère Modi : développement d’accords de libre-échange, pour ancrer le rôle central de l’Inde dans des secteurs ciblés, médicaments, matériel médical, voitures électriques, énergie verte et électronique. Narendra Modi prévoit aussi de s’attaquer au droit du travail pour accorder plus de souplesse aux entreprises pour licencier. Le "Modi 3.0" a prévu d’aller encore plus vite, sans présumer qu’il lui faudrait un large soutien au Parlement et ça n’en prend pas le chemin.

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