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L'avion de combat de 6e génération, beaucoup plus qu’un avion… et beaucoup plus cher

Toute la semaine, "Un monde d'avance" se penche sur la "guerre d’avance" : focus sur les principales innovations en matière de défense. Premier volet : les programmes les plus lourds - financièrement parlant : ceux qui visent à produire un chasseur-bombardier de 6e génération.
Article rédigé par franceinfo, Eric Biegala
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Maquette grandeur nature du New Generation Fighter (NGF), pièce centrale du Système de Combat Aérien du Futur (SCAF) franco-hispano-allemand. (Eric Biegala / Radio France)

Il remplacera les Rafale français, les Typhoon britanniques ou Allemands et les F18 et F22 américains... Mais une seule chose de sûre pour le moment : le chasseur de 6e génération ne sera pas qu'un avion de combat, mais un système ou dispositif plus large... Quels que soient les projets - européens et américains, essentiellement - il inclura, en effet, un avion de combat piloté, ultra furtif ; des drones de combat évoluant autour de l'avion et un système de communication large et instantané capable par exemple de recevoir du renseignement en provenance du sol, d'autres appareils en vol ou de satellites et de commander un tir, par exemple depuis un destroyer lance-missiles. On appelle ça un "cloud de combat".

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Pour le moment, les projets ne sont identifiés que sous des sigles. Pour le projet franco-hispano-allemand, auquel la Belgique vient de se rattacher, c'est le SCAF, le Système de Combat Aérien du Futur ; les Britanniques, en coopération avec les Italiens et les Japonais travaillent de concert sur un GCAP pour Global Combat Air Programme. Quant aux Américains, ils ont lancé deux projets d'avion de 6e génération : le NGAD (New Generation Air Dominance) de l'US Air Force et le FA-XX de l'US Navy qui devrait pouvoir opérer à partir de ses porte-avions, et dont on ne sait pas grand-chose sinon qu'il sera cher : la Navy vient par exemple de demander au titre de l'année fiscale 2024 une enveloppe d'un milliard et demi de dollars pour financer son développement. Le coût total estimé de ces programmes est de toute façon faramineux. Plus de 300 milliards de dollars pour le NGAD américain ; autour de 100 milliards d'euros pour le SCAF européen ou le GCAP européano-japonais...

Pour les Européens – qu’il s’agisse du SCAF ou du GCAP - on n'a pas dépassé pour le moment le niveau de la table à dessin. Depuis 2019, les concepteurs du SCAF (pour l'avion, c'est Dassault qui est chef de file) présentent ainsi au salon du Bourget une maquette à échelle 1 de ce que pourrait être leur appareil de 6e génération. Mais l'architecture définitive n'est pas arrêtée ; en fait "5 architectures différentes sont dans les cartons", précise le général de division aérienne Jean-Luc Moritz, chargé de projet pour le SCAF ; "l'une plus furtive, l'autre plus manœuvrante"... Un démonstrateur, c’est-à-dire d’un pré-prototype du SCAF, ne devrait pas prendre les airs avant 2028 ; même objectif pour le GCAP.

Les Américains en revanche, et même s'ils restent très discrets à ce sujet, auraient déjà fait voler trois démonstrateurs depuis 2020. Il y a quelques semaines, Lockheed-Martin faisait circuler sur les réseaux sociaux le design général d’un de ces démonstrateurs ; l’an dernier, une photo satellite prise au-dessus de la fameuse base aérienne secrète Zone 51 semblait révéler un autre de ces démonstrateurs... À moins qu'il ne s'agisse d'un leurre.

Les Américains, en tout cas, semblent suffisamment avancés pour annoncer dès 2024 un appel d'offre aux industriels de l'aéronautique pour construire non plus un démonstrateur, mais bel et bien un avion de 6e génération, lequel devrait pouvoir être déployé à la fin de la décennie. Pour les Européens, on vise plutôt la décennie suivante, c’est-à-dire autour de 2040.

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