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L'incroyable histoire de Katalin Kariko biochimiste dont les recherches sont à l’origine des vaccins contre le Covid-19

Cette scientifique hongroise est passée d'un coup de l'ombre à la lumière. Elle fait aujourd'hui la une de l'actualité mais a connu un début de carrière difficile. Personne ne croyait en ses travaux l'ARN messager

Article rédigé par franceinfo, Louise Bodet
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Katalin Kariko (le 15 décembre 2020) (HANDOUT / FAMILY HANDOUT)

Katalin Kariko, biochimiste originaire de Hongrie, est actuellement sous le feu des projecteurs. Depuis ses débuts, elle travaille sur l’ARN messager. Ses recherches sont à l’origine des vaccins Pfizer-BioNTech et Moderna, les deux premiers à avoir été mis au point et son nom est cité pour un futur prix Nobel. Le sourire franc et l’accent prononcé de Katalin Kariko ont été vus en prime time sur CNN et en une de médias du monde entier. Personne ne l’aurait cru, même pas elle qui répond aujourd’hui aux questions des journalistes depuis sa modeste maison de banlieue en Pennsylvanie. Katalin Kariko est née il y a 65 ans dans une petite ville de Hongrie. Une famille pauvre, pas de frigo, pas d’eau courante, le papa est boucher. L’enfant se découvre une passion pour la science dans l’examen attentif des carcasses de porcs ensanglantées. 

De la Hongrie aux États-Unis 

Elle commence sa carrière dans un centre de recherche hongrois où elle manque de tout et quitte son pays en 1985 avec son mari et sa fille de 2 ans. Pas le droit de passer le rideau de fer avec des devises nationales, la famille cache ses maigres économies dans... l’ours en peluche de la petite. Direction, Philadelphie aux États-Unis où la biochimiste intègre la prestigieuse université de Pennsylvanie. 

Nous sommes à la fin des années 80. La communauté scientifique ne jure que par les recherches sur l’ADN mais son truc à elle, c’est l’ARN, l'acide ribonucléique messager,  découvert en 1961. Il ne vise pas à modifier le génome des cellules, mais à leur donner un mode d’emploi sous forme de code génétique, afin que ces cellules produisent elles-mêmes des protéines bienfaisantes pour notre corps..  
Des recherches auxquelles personne ne croit, encore moins quand elles sont menées par une femme au fort accent étranger.

Pas de bourse de recherche et pas de titularisation comme professeur

En 1995, elle est même renvoyée du département de cardiologie. Cantonnée dans un sous-sol, elle reçoit un maigre salaire mais Katalin Kariko ne dispose pas de la fameuse green card de résidente et elle a besoin d'un travail pour renouveler son visa. Néanmoins elle aime ce qu’elle fait et continue ses recherches dans l’adversité. Elle va faire une rencontre décisive.

Katalin Kariko croise le chemin d’un immunologiste, Drew Weissman. En 2005, ils découvrent tous deux une méthode pour prévenir la réponse inflammatoire à l'ARN messager, qui affolait jusque là le système immunitaire. Cette modification ouvre la voie aux vaccins type Moderna et Pfizer-BioNTech. BioNTech qui a co-conçu ce second vaccin, a d’ailleurs embauché Katalin Kariko. Son fondateur et propriétaire est d’ores et déjà milliardaire. Il s'agit de Ugur Sahin, un immigré lui aussi, originaire de Turquie. 

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