La Chine repart au charbon
Les autorités chinoises viennent de demander à 72 mines de charbon d'augmenter leur production. C'est la seule solution trouvée par Pékin pour résoudre la crise de l’énergie.
Dommage pour les engagements chinois en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre, la Chine va clairement relancer sa consommation de charbon. Les mines situées dans le Nord du Pays, en Mongolie Intérieure - région majeure de production - ont reçu une note officielle réclamant une hausse de leur production : 98 millions de tonnes de charbon supplémentaires, selon le Securities Times, organe officiel des marchés chinois.
Le charbon compte en effet pour près des deux tiers de la production électrique du pays et les manques en la matière sont désormais patents. Depuis fin septembre, les coupures électriques sont si importantes que plusieurs centaines d'usines ont dû réduire ou même arrêter leurs chaînes de production, y compris des sous-traitant de firmes américaines comme Apple ou Tesla. Dans le nord du pays les coupures d'électricité ont même affecté le réseau des feux de signalisation des grandes villes, les ascenseurs des bâtiments publics ou la couverture 3G du réseau de téléphonie mobile.
Le charbon, plus rare et plus cher
Plusieurs facteurs peuvent expliquer ces coupures. D’abord le charbon s’est fait plus rare : il y avait des objectifs à tenir en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre ; il s'était fait plus cher également : les restrictions imposées par Pékin sur les importations de charbon australien (du fait d'une brouille sévère entre les deux pays), ont rajouté au renchérissement du charbon.
Résultat : plus de la moitié des provinces et régions chinoises avaient été contraintes d'imposer des restrictions sur la consommation d'énergie au cours des derniers mois. Ces coupures de courant arrivent alors que l'économie du pays a largement repris depuis un an et demi, dépassant désormais les niveaux d'avant la pandémie.
Cette relance de la production de charbon risque de faire complètement déraper les engagements chinois en matière de limitation des gaz à effet de serre. A la fin de l'année dernière Xi-Jiping annonçait que le pays limiterait ses émissions de dioxyde de carbone les baissant de 65% d'ici 2030. C'était là l'objectif annoncé et les choses étaient étroitement surveillées, notamment au niveau local, où des objectifs intermédiaire avaient également été définis province par province.
L'industrie plutôt que le climat
Reste que, selon la Commission nationale de Développement et de Réforme, qui supervisait ces objectifs seul un tiers des quelques 30 provinces du pays avaient effectivement rempli leurs objectifs de réduction de leurs émissions carbonées pour les six premiers mois de l'année 2021. La commission annonçait même en septembre des amendes importantes pour les régions et provinces ayant le plus dépassé leurs quotas d'émission.
N’empêche qu'au niveau du pays, la Chine produisait encore en août dernier 10% de plus d'énergie (essentiellement donc en brûlant du charbon) que l'année précédente à la même époque et 15% de plus qu'en 2019, les industries les plus gourmandes en électricité (aciéries, produits d’aluminium etc.) tirant la demande.
En ordonnant le redémarrage de la production de charbon, Pékin semble avoir clairement choisi de satisfaire les besoins de ces producteurs industriels sacrifiant au passage ses engagements environnementaux. La Chine demeure – et de loin – le premier producteur de gaz à effet de serre : elle cumule à elle seule 28% des émissions mondiales.
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