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La Corée du Sud confrontée aux scandales sexuels de la K-Pop

Dans ce pays d'Asie, le milieu musical est secoué par une série de scandales. Et une première condamnation spectaculaire vient d'être prononcée.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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La star de la K-Pop Goo Hara qui s'est suicidée en novembre 2019. (STR / DONG-A ILBO)

C’est la fin de l’impunité dans cette "bulle dorée" de la K-Pop. L’une des stars de cet univers, Jung Joon Young, a été condamné le 29 novembre à six ans de prison ferme. Son nom ne vous dit sans doute rien mais en Corée c’est une énorme vedette. Et un autre musicien, membre d’un boys band, a lui été condamné à 5 ans ferme. Les deux hommes, âgés respectivement de 30 et 29 ans, ont été reconnus coupables de viol en réunion, et de diffusion publique de vidéos sexuelles tournées à l’insu de leurs partenaires. Cette condamnation occupe les gros titres de la presse coréenne, parce que depuis le mois de mars dernier, les scandales de ce type se multiplient dans le milieu de la K-Pop. Et ces dernières semaines, deux chanteuses se sont suicidées. La dernière en date le week-end dernier : Goo Hara, c’est son nom, a mis fin à ses jours alors que son ex-petit ami la faisait chanter en menaçant, là aussi, de diffuser publiquement des images de ses ébats sexuels avec elle.   

Une industrie musicale hors de contrôle

C’est tout ce milieu de la K-Pop qui est montré du doigt : en vingt ans, la K-Pop est devenue un phénomène commercial gigantesque. Une poule aux œufs d’or, une machine à exportation dans le monde entier. On se souvient du triomphe mondial du morceau Gangnam Style il y a quelques années. Le marché global est évalué à 4 milliards de dollars avec trois grandes maisons de production aux chiffres d’affaire considérables. Et des dizaines d’agences ont pris en main la vie de ces stars en herbe, souvent très jeunes. Elles font des fortunes sur leur dos, en surexploitant leur image, en leur imposant des horaires de travail extrêmement lourds, avec des contrats que certains qualifient d’esclavagistes.  

18 cas de "molka" par jour

Dans le même temps, elles ont laissé s’installer une culture de l’impunité sur le viol : les femmes sont les victimes systématiques avec une pratique très particulière, c’est le "molka".  En Corée du Sud, tout le monde a entendu parler du "molka". Cela consiste à filmer une femme à son insu, avec une caméra espion, soit dans un lieu comme une cabine d’essayage, soit lors d’un rapport sexuel. Puis à diffuser l’image sur les réseaux sociaux. Plus de 5 000 personnes ont été arrêtées l’an dernier pour avoir pratiqué le "molka" : uniquement des hommes, dont plusieurs stars de la K-Pop, et aussi d’autres personnalités, comme un présentateur vedette de la télévision. Le nombre de cas dans le pays est estimé aujourd’hui à 18 par jour !  

Le #metoo sud-coréen

La réaction s’organise avec la version sud-coréenne du mouvement metoo. Des magistrates, des enseignantes, des actrices, dénoncent les harcèlements sexuels. Et plusieurs manifestations de femmes ont déjà eu lieu dans les rues de Séoul pour dénoncer le molka, aux cris "My life is not your porn", "Ma vie c’est pas ton porno". La Corée du Sud reste un pays très patriarcal et machiste, où les femmes victimes de ces vidéos se retrouvent souvent ostracisées et montrées du doigt, alors que ce sont elles les victimes. Avec le jugement de ce 29 novembre, la peur va peut-être, enfin, changer de camp.

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