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La Hongrie, électron libre de l’Union européenne

La Hongrie ne souhaite pas participer à la nouvelle procédure d'achats de vaccins en commun au sein de l'Union européenne. Une position à rebours qui n'est pas une première.

Article rédigé par franceinfo, Bertrand Gallicher
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Le Premier ministre hongrois, Viktor Orban, lors du sommet européen à Porto (8 mai 2021). (VIOLETA SANTOS MOURA / POOL / REUTERS POOL)

Le gouvernement de Viktor Orban ne s’associera pas au nouveau contrat d’achat de vaccins signé par Bruxelles avec Pfizer/BioNTech. La Hongrie estime avoir suffisamment de doses en réserve. Une nouvelle fois, Budapest fait cavalier seul en Europe.

C’est un marqueur de la politique hongroise, n’être d’accord avec l’Europe sur presque rien. Le dossier des vaccins en donne un nouvel exemple. Le gouvernement Orban assure avoir administré au moins une dose à 5 millions de patients, soit la moitié de sa population. Les autorités hongroises affirment être en mesure de vacciner à nouveau l’ensemble du pays à l’automne prochain. Dès l’apparition des vaccins, la Hongrie qui enregistre un fort taux de mortalité liée au Covid, avait passé commande de Spoutnik V russe et de Sinopharm chinois. Aujourd’hui Budapest joue à nouveau les électrons libres.    

La Hongrie s’émancipe de Bruxelles 

Le régime de Viktor Orban se démarque régulièrement des prises de position européennes. Mardi, la Hongrie a été la seule à refuser l’appel européen à un cessez-le-feu entre Israël et le Hamas. Selon le ministre hongrois des Affaires étrangères, les déclarations européennes sur l’État hébreu sont habituellement "partiales et déséquilibrées". Et récemment, Budapest a mis son veto aux critiques de l’Union européenne contre la Chine. Car la Hongrie cultive des relations privilégiées avec Pékin au risque d’apparaître comme la tête de pont de cette puissance en Europe. Budapest accueillera en 2024 le premier campus européen d’une grande université chinoise destiné à 6.000 étudiants. Un projet financé à hauteur de 1,3 milliard d’euros par un prêt de la Banque de développement chinoise. La Hongrie s’ouvre également vers la Russie, au moment où les relations entre Moscou et Bruxelles sont exécrables. Cette semaine, l’hebdomadaire hongrois libéral HVG titre sur le renforcement des intérêts économiques et politiques russes dans le pays. Sa une représente Vladimir Poutine passant une tête sous le territoire de la Hongrie pour observer l’Europe.

Une opposition pragmatique et politique 

La Hongrie a besoin de cette ouverture à l’Est afin de doper son économie et de s’assurer d’appuis extérieurs face à une Union européenne dont la politique ne lui convient guère. Ainsi le gouvernement Orban conteste le nouvel accord de commerce négocié entre Bruxelles et les pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique. Un traité prévoyant des visas et du regroupement familial. Budapest redoute un appel d’air pour les migrants.

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