La Libye s'enfonce chaque jour un peu plus dans le chaos
Tous les jours, dans "Un monde d’avance", un coup de projecteur sur une actualité à l’étranger restée sous les radars. Aujourd’hui, direction la Libye, qui s'enfonce dans le chaos, chaque jour un peu plus.
Une attaque en règle a eu lieu lundi 10 septembre, en Libye, contre le siège de la compagnie pétrolière nationale. Il s'agit d'un vaste bâtiment moderne blanc et bleu en plein cœur de la capitale Tripoli. Et en Libye, il n’y a sans doute pas aujourd’hui de symbole plus fort que ce siège : c’est l’incarnation de la seule chose qui marche encore un peu dans le pays, l’extraction de pétrole. Cela représente 95% des ressources du pays ! La Libye compte six millions d’habitants sur un territoire grand comme trois fois la France, et depuis la chute de Khadafi en 2011, chute précipitée par l’intervention internationale et notamment française, le pays va de mal en pis.
Lundi matin donc, plusieurs hommes cagoulés et armés ont pénétré dans le bâtiment, il y aurait plusieurs morts et blessés, mais impossible d’en savoir beaucoup plus. Apparemment, le patron de la compagnie pétrolière, Mustafa Sanalla, a réussi à s’en sortir. Ce n’est pas un point de détail, parce que c’est l’une des rares personnes à maintenir un lien entre les différentes factions qui tiennent le pays.
Un pays où règnent les milices
Des dizaines de milices cherchent toutes à contrôler un morceau du pays. Pendant quelques mois, un accord précaire entre quatre de ces milices a permis un calme relatif au moins dans la capitale Tripoli. Mais cet accord a volé en éclats il y a deux semaines. Et depuis, les combats n’ont quasiment pas cessé. Bilan : au moins 80 morts et 200 blessés. Ce n’est même pas un combat idéologique, c’est d’abord une volonté de pouvoir, pour posséder le gâteau, en particulier pétrolier. Une vraie lutte mafieuse. Avec une corruption omniprésente et des armes légères type kalachnikov en circulation un peu partout. Et au milieu de ces affrontements, il y a évidemment des milliers de civils, des Libyens et aussi des réfugiés qui cherchent à partir en Europe. Un premier cessez-le-feu avait échoué début septembre. Le deuxième cessez-le-feu avait été signé dimanche après-midi. On voit le résultat. Il a tenu dix heures.
Échec diplomatique
Cela signe aussi un échec diplomatique, et particulièrement un échec diplomatique français. Fin mai, Emmanuel Macron avait réuni à Paris les deux hommes présumés les plus forts du pays, Fayez Serraj, un civil qui dirige le gouvernement officiel de Tripoli, et Khalifa Haftar, un militaire qui contrôle l’est de la Libye. La France avait alors annoncé avec un peu d’emphase l’organisation d’élections le 10 décembre prochain. Aujourd’hui, plus personne ne croit dans la tenue de ce scrutin. L’Italie, de son côté, qui est un peu en rivalité diplomatique avec la France sur ce sujet, prépare un autre plan. Mais la Libye compte en fait six ou sept capitales, qui sont tenues par autant de milices. Et quant à la capitale officielle Tripoli, vous avez compris : même là, impossible de savoir qui détient le pouvoir. Donc la vérité, c’est : zéro solution à l’horizon.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.