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Le Canada marque sa différence avec les États-Unis et veut interdire les armes de poing

Une semaine après la tuerie d’Uvalde aux États-Unis, le Premier ministre canadien Justin Trudeau annonce un arrêt des ventes de pistolets et de revolvers. 

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Justin Trudeau, le Premier ministre canadien, le 23 mars 2022. (JOHN THYS / AFP)

"Le calcul est fort simple, a lancé Justin Trudeau, lundi 30 mai au soir, lors d’une conférence de presse, moins il y aura d’armes à feu dans nos communautés, et plus chacun se sentira en sécurité (…) C’est notre devoir d’agir". Ce propos est déjà, en soi, aux antipodes des positions du lobby de la NRA et du Parti républicain aux États-Unis, pour lesquels à l’inverse, les tueries de masse - comme celle de l'école primaire d'Uvalde au Texa - rendent le port d’armes encore plus nécessaire pour raisons de sécurité.

Mais surtout, au-delà des mots, le Premier ministre canadien passe donc aux actes. Il dépose un projet de loi, nom de code C21, qui vise à geler tout achat d’armes de poing au Canada. Les armes de poing, ce sont en gros les pistolets et les revolvers, les armes à canon court que l’on peut tenir d’une seule main. Le gouvernement souhaite qu’il ne soit plus possible ni d’en acheter, ni d’en vendre, ni d’en transférer, ni d’en importer. Le texte prévoit également d’interdire les chargeurs de fusils de plus de cinq balles, de rendre illégale la modification de chargeur pour en augmenter la capacité, de supprimer les permis de port d’armes pour les personnes impliquées dans des agissements criminels ou de la violence domestique et enfin de porter à 14 ans de prison les peines maximales pour contrebande d’armes à feu.  

Le souvenir de la tuerie de 2020 en Nouvelle-Écosse

Le phénomène des armes à feux n'est pas tout à fait de la même ampleur au Canada qu'aux États-Unis. Même si le pays a été endeuillé lui aussi par une tuerie récente. C’était il y a deux ans, en avril 2020, 23 morts dans la province de Nouvelle-Écosse, sur la côte Atlantique. À l’époque, une première loi avait d’ailleurs déjà interdit 1 500 modèles d’armes à feu, en particulier les armes semi-automatiques, comme celle utilisée par le tueur d’Uvalde.

Les autorités d’Ottawa estiment aujourd’hui à un million le nombre d’armes de poing détenues par des particuliers au Canada. Dans un pays de 38 millions d’habitants, c’est beaucoup, mais c’est beaucoup moins qu’aux États-Unis, où 40% des foyers reconnaissent posséder une arme. Selon les statistiques officielles, les armes à feu sont impliquées dans 3% des crimes violents au Canada et Justin Trudeau affirme que la proportion augmente. Le projet de loi ne prévoit toutefois pas l’interdiction totale des armes de poing puisqu’il ne concernera pas les personnes qui en possèdent déjà : elles seront autorisées à les conserver et à continuer à les utiliser.  

100 000 armes illégales 

Après cette annonce, les militants favorables au contrôle des armes sont satisfaits même s’ils jugent qu’il faudrait aller plus loin en visant aussi ceux qui sont déjà en possession de ce type d’armes. La maire de Montréal, Valérie Plante, très impliquée dans ce combat, a salué le texte mais elle souhaite elle aussi que ce premier pas en annonce d’autres.

À l’inverse, l’opposition conservatrice est sceptique. Elle entend défendre les propriétaires d’armes à feu, et elle considère que le vrai problème du Canada, c’est le trafic d’armes illégales en provenance des États-Unis, en particulier les armes de type militaire. Leur nombre est évalué à 100.000. Ce nouveau projet de loi C21 doit encore évidemment être examiné par le Parlement, où le parti libéral de Justin Trudeau ne possède pas à lui seul la majorité absolue. Donc les débats seront peut-être animés.    

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