Le Japon n'a jamais connu aussi peu de neige
La saison hivernale de ski est très compromise dans l'archipel nippon, en raison du niveau extrêmement faible des chutes de neige. À Nagano, par exemple, il n’y a que de l’herbe sur les pistes.
Les grands amateurs de ski le savent. Le Japon, pour eux, c’est normalement le paradis : l’hiver, il y a toujours beaucoup de poudreuse dans les stations. Par exemple l’an dernier dans la célèbre station de Yuzawa, à 200 kilomètres au nord de Tokyo, il y avait plus de cinq mètres de neige. Cette année, à la même date, il est péniblement tombé un petit mètre de poudreuse, cinq fois moins.
C’est le cas partout dans le pays : depuis le début des relevés météo dans les stations de ski du pays il y a 60 ans, les chutes de neige n’ont jamais été aussi modestes. Dans le nord du pays, par exemple à Sapporo, qui avait accueilli les Jeux Olympiques d’hiver en 1972, ça passe encore. Mais les compétitions sportives ont quand même dû être annulées. Plus au sud, c’est carrément la diète : à Nagano, théâtre des JO 1998, il n’y a que de l’herbe sur les pistes. Sur l’île principale, Honshu, plusieurs stations ont même renoncé à ouvrir. C’est sans précédent.
2019, année la plus chaude de l'Histoire au Japon
C'est d’abord un phénomène météo ponctuel : un hiver sec et chaud dû à une présence anticyclonique persistante et une mousson d’hiver beaucoup plus faible que d’habitude. Un phénomène analogue a d’ailleurs été constaté un peu plus à l’ouest, en Corée du Sud.
Mais les chercheurs japonais y voient aussi un effet du changement climatique : la pluie a remplacé la neige. Ils estiment que dans les montagnes du centre du pays, les chutes de neige devraient baisser en moyenne de 30 à 40% d’ici à la fin du siècle. Ce qui devrait conduire à la fermeture définitive de plusieurs stations de ski, comme en Europe. De fait, l’année 2019 a été la plus chaude jamais enregistrée au Japon.
Une menace sur les réservations du Nouvel An lunaire
Tout ça n’est pas un point de détail pour l’économie japonaise : le business des vacances au ski s’est considérablement développé au Japon dans les années 80 et 90. Cela a commencé à baisser fortement au début de ce siècle, en raison d’abord de la diminution de la clientèle japonaise, effet direct du vieillissement de la population dans le pays.
Mais il reste jusqu'à présent la clientèle internationale, généralement riche. Ce sont essentiellement des Chinois, des Taïwanais, des Australiens, des Américains, des Canadiens, attirés au Japon par la garantie de trouver de la neige. Alors évidemment, une saison comme celle de cette année, c’est une très mauvaise nouvelle, d’autant que contrairement aux stations européennes des Alpes, les stations japonaises ne sont pas équipées en canons à neige pour fabriquer artificiellement de la poudreuse.
Et pour cause : jusqu’à présent, ils n’en avaient pas besoin. Il neigeait suffisamment. À la fin de cette semaine, à partir du 25 janvier, c’est le Nouvel An lunaire en Asie, avec fêtes et vacances à la clé. Normalement, c’est le pic d’activité pour les stations de ski japonaises. Cette année, elles redoutent les annulations de dernière minute.
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