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Le Niger, acteur central de la libération d’Olivier Dubois

Après avoir été enlevé au Mali il y a près de deux ans, le journaliste Olivier Dubois a retrouvé la liberté et la France, accueilli à Villacoublay par Emmanuel Macron. Un pays a joué un rôle majeur dans sa libération, c’est le Niger.  

Article rédigé par franceinfo
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Le journaliste français Olivier Dubois (au premier plan),et l'américain Jeffery Woodke (à droite), tous deux libérés, à leur arrivée à l'aéroport de Niamey au Niger, le 20 mars 2023. (SOULEYMANE AG ANARA / AFP)

Ce n’est d’ailleurs pas un mystère. Le président Emmanuel Macron tout comme la ministre des Affaires étrangères Catherine Colonna ont publiquement remercié ce pays de 24 millions d’habitants situé à l’Est du Mali, en plein cœur de la bande Sahélienne. Même remerciement de la part d’Anthony Blinken, le chef de la diplomatie des États-Unis : un otage américain, Jeffery Woodke a également retrouvé la liberté lundi 20 mars. D’ailleurs Olivier Dubois et Jeffery Woodke ont fait leur réapparition publique à Niamey, la capitale du Niger qui se trouve tout près de la frontière du Mali. Le Niger dispose de relais et de contacts significatifs au nord du Mali, dans cette zone contrôlée en partie par le groupe GSIM lié à Al Qaida. Plusieurs hommes, parfois à la réputation trouble et controversée, sont susceptibles d’avoir joué les médiateurs : Mustapha Chafi, Mohammed Akotey et Ahmada Ag Biby. Le président nigérien lui-même, Mohammed Bazoum, s’est impliqué dans l’affaire. Les médiateurs nigériens connaissent bien ces groupes du GSIM historiquement liés aux Touaregs, ils les connaissent beaucoup mieux que leurs rivaux jihadistes du groupe État Islamique qui se trouvent plus au Sud, vers le Burkina. Les Nigériens ont déjà réussi il y a quelques mois à obtenir la libération d’une religieuse américaine.  

Des canaux de médiation avec les Touaregs

Il est impossible de savoir si la France a directement négocié tout comme il est impossible de dire si une rançon a été versée, une question que l’on se pose toujours dans ce genre de circonstances. Et on n’aura sans doute jamais la réponse. Les services français ont certainement été impliqués sur le terrain, peut-être pour l’exfiltration des otages. Mais la négociation stricto sensu a plus probablement été conduite par les Nigériens. Le président du Niger Mohammed Bazoum y voit son intérêt : en contrepartie il s’assure du soutien militaire français et américain dans sa propre lutte contre les mouvements jihadistes, sur le sol de son pays. Après la fin de l’opération militaire Barkhane au Mali et la rupture avec Bamako, la France a fait le choix de redéployer une grande partie de son dispositif au Niger. Pour ce pays du Sahel, la contrepartie est également humanitaire l’américain Anthony Blinken était à Niamey la semaine dernière et il a annoncé le déblocage d’une enveloppe américaine de 150 millions de dollars.  

Encore des otages dans la zone du Sahel

Le rôle du Niger va donc se poursuivre dans la zone et peut-être à nouveau sur d’autres libérations d’otages. Olivier Dubois était le dernier français. Mais il reste d’autres occidentaux détenus dans la zone : l’allemand Hans Lohre, l’australien Kenneth Elliott, le roumain Ilian Ghergiut et au moins trois ressortissants italiens. Et il n’y a pas que les Occidentaux. Des dizaines de Maliens ou de Nigériens sont sans doute détenus. Et là aussi il y a régulièrement des libérations. Par exemple deux employés maliens du Comité International de la Croix Rouge ont retrouvé la liberté avant-hier soir, après avoir été enlevés, toujours dans cette même zone du Nord Est du Mali, entre Gao et Kidal. On l’oublie trop souvent : ce sont d’abord les populations locales qui paient le tribut de ces conflits.

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