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Les missiles "hypersoniques", ces armes qu’on ne peut pas (encore) intercepter

Toute la semaine, "Un Monde d'avance" se penche sur "une guerre d'avance", avec le passage en revue des systèmes d'armes et stratégies en développement qui permettent d’imaginer la guerre du futur. Second volet : les armes et notamment les missiles dits "hypersoniques".
Article rédigé par franceinfo, Eric Biegala
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Un militaire russe examine un intercepteur MiG-31K, portant un missile hypersonique Kinzhal. (HANDOUT / RUSSIAN DEFENCE MINISTRY)

Plus rapide que le son. Les missiles dits "hypersoniques" sont des engins qui, comme leur nom l'indique, volent à des vitesses bien plus rapides que celle du son. Ils vont au-delà de Mach-5, soit plus de 6 000 km/h, au contraire, par exemple, des missiles de croisière classiques, qui volent à des vitesses subsoniques, équivalentes à celles d'un avion de ligne.

>> Défense : que sait-on sur le VMaX, le planeur hypersonique testé par la France ?

Deux grandes familles d'armes hypersoniques sont en cours de développement : les missiles, propulsés par statoréacteurs voire, pour les plus rapides, par super-statoréacteurs, une technologie pas si simple à mettre en œuvre, et les planeurs qui, largués depuis l'espace, retombent en planant, mais toujours à des vitesses dépassant les 6 000 km/h, vers leurs cibles. Ces armes hypersoniques sont également manœuvrables, elles peuvent changer de direction en cours de vol. La conjonction de ces deux spécificités en fait des engins beaucoup plus difficiles à intercepter.

Le monde s'équipe rapidement

Les États-Unis, la Russie et la Chine sont les principales puissances ayant dans leurs cartons de tels projets d'armement. Jusqu'ici, la Chine faisait, semble-t-il, la course en tête, disposant de deux et peut-être trois engins hypersoniques opérationnels depuis 2019. Mais l'Inde, le Royaume-Uni, le Japon et la France sont également entrés dans la course. Le premier essai en vol d'un planeur hypersonique français, le V-Max, s'est déroulé avec succès le 26 juin dernier au centre d'essais des Landes à Biscarosse.

Actuellement, les forces américaines sont les plus puissantes dans la zone Indo-Pacifique, du fait de la présence permanente de leur septième flotte, nantie d'un groupe aéronaval, dans la région. Mais les planeurs hypersoniques chinois DF-17 et DF-27 pourraient facilement renverser la donne et faire pencher la balance des équilibres stratégiques en faveur de la Chine, si du moins l'on en croit leurs capacités à viser et à toucher à très haute vitesse une cible mouvante telle qu'un porte-avions.

Susceptibles de changer les réflexions stratégiques ?

Mais plus largement ces armes hypersoniques étant potentiellement porteuses d'ogives nucléaires (l'autre projet français hypersonique, le missile ASN de 4e génération actuellement en développement, est justement un missile nucléaire), elles modifient potentiellement les architectures de défense prévues pour intercepter les missiles balistiques d'un adversaire. La course d'un missile balistique est facile à prévoir et donc à intercepter ; c'est beaucoup moins simple pour un missile ou un planeur hypersonique.

Encore qu'il ne faille pas surestimer les capacités de ces armes à percer les défenses ennemies. Le seul pays à avoir employé des missiles hypersoniques sur un champ de bataille, c'est la Russie qui tire régulièrement son missile Kinzhal sur des objectifs ukrainiens. Mais depuis que l'Ukraine a été dotée de missiles antimissiles américains Patriot, la plupart des Kinzhal russes ont été interceptés. Et c'est peut-être la conséquence de ces interceptions : trois des principaux ingénieurs concepteurs des missiles hypersoniques russes ont été arrêtés récemment. Ils sont accusés de " trahison".

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