Malaisie : le mouvement pro-palestinien, BDS, sous les projecteurs, après son appel au boycott de McDonald's

L'appel au boycott a si bien fonctionné en Malaisie que le géant Américain de la restauration rapide se retrouve empêtré dans une médiation pour tenter d'y mettre fin. L'affaire est médiatisée et c'est un coup de pub pour ce groupe d'activistes pro-palestiniens.
Article rédigé par Olivier Poujade
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3 min
Un McDonald's tagué lors d'une manifestation pour la cause palestinienne à Paris, le 11 novembre 2023. (CLAIRE SERIE / HANS LUCAS / AFP)

BDS signifie Boycott, Désinvestissement et Sanction. Ce mouvement transnational existe depuis 2005, il regroupe la branche malaisienne et 170 autres ONG à travers le monde, qui coordonnent leurs actions. Ce mouvement milite pour la fin de la colonisation des territoires palestiniens et le droit au retour des réfugiés palestiniens. Ce réseau explique s’inspirer de l’action anti-apartheid incarnée par Nelson Mandela en Afrique du Sud. Mais ses opposants le considèrent comme un mouvement antisioniste et antisémite.

Une action militante qui s’illustre depuis près de 20 ans par des actions très ciblées localement. En Malaisie, ces activistes, bien accompagnés par le gouvernement, ont obtenu gain de cause plusieurs fois ces dernières années. En 2020, ils obtiennent la rupture du contrat de la plus grande université de Malaisie avec l’équipementier sportif Puma, puis en 2021 l’interdiction de visa pour l’équipe israélienne avant le Mondial de squash. Et plus récemment, l’interdiction aux navires de la compagnie maritime israélienne d’accoster dans les ports de Malaisie. Mais l’action la plus retentissante a débuté après l’annonce, en octobre 2023, du don de 100 000 repas à l’armée israélienne par la franchise locale de la chaîne de restauration McDonald's. L’enseigne américaine est immédiatement devenue la cible d’un boycott à travers le monde.

Les militants du mouvement remercient McDo de les avoir rendus célèbres

McDo n'est pas la seule entreprise visée, il y a également KFC, Zara, Axa, ou encore Carrefour. Mais en Malaisie le boycott de McDo a si bien fonctionné que la fréquentation de ses restaurants a chuté de manière spectaculaire, sa franchise a dû procéder à une vague de licenciements et a fini par déposer une plainte en diffamation contre BDS Malaisie. Et voilà comment la petite antenne malaisienne d’un mouvement global pro-palestinien, plutôt confidentiel, se retrouve sous la lumière des projecteurs. McDonald’s réclame plus d’un million d’euros de réparation. Les deux parties ont engagé une médiation. Mais BDS a déjà réussi son coup, les militants du mouvement ont même remercié la firme américaine de les avoir rendus célèbres.

La chaîne de restauration rapide américaine subit donc de plein fouet les conséquences de l’action d’une seule de ses franchises : la franchise israélienne. Aucune autre dans le monde n’a soutenu la riposte de l’État hébreu, y compris la maison mère aux États-Unis. Mais McDonald’s est en perte de vitesse dans de très nombreux pays, avec 27% de chiffre d’affaires en moins au Moyen-Orient, par exemple. Le patron de la firme parle aussi de "pertes significatives" sur le continent africain et en Asie du Sud-Est où désormais tout le monde connaît le mouvement BDS.

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