Mali : deux ONG alertent sur la situation dramatique du pays en matière de violence et malnutrition

Il y a trois ans, les militaires prenaient le pouvoir dans le pays. Mais si la junte a pu faire illusion pendant un certain temps, il semble qu'aujourd'hui le Mali sombre dans la misère et la violence, un avis que semblent partager les acteurs qui travaillent sur le Sahel.
Article rédigé par Nathanaël Charbonnier
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3 min
Les conflits qui durent depuis une décennie au Mali poussent des habitants à se réfugier dans des camps de déplacés. Ici, à Bamako, le 9 novembre 2022. (OUSMANE MAKAVELI / AFP)

Au Mali, plus les mois passent, plus la situation s'aggrave. Cette semaine, deux rapports, qui n'ont rien à voir l’un avec l’autre, viennent de dresser un bilan dramatique de la situation au Mali.

Le premier rapport qui tire la sonnette d'alarme est celui l'association Action contre la faim. L'ONG alerte sur le dépassement des seuils de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) en matière de malnutrition infantile. Dans le nord-est du pays, dans les camps de déplacés aux alentours de Gao, on peut parler de malnutrition aiguë chez les enfants de 6 mois à 5 ans, ce qui représente 1,5 million d'enfants qui ne mangent pas à leur faim.

Maigres récoltes dans un contexte de guerre et de terrorisme

Cette situation dramatique est amplifiée par toute une série de problèmes. L'insécurité alimentaire vient s'ajouter au manque d'accès aux services de santé, à la pauvreté de certaines régions, aux déplacements forcés des populations. De plus, les cultures ont donné de bien maigres récoltes, à cause notamment du terrorisme et de la guerre.

Action contre la faim explique qu'elle tente d'intervenir autant que possible dans les camps où l'ONG est présente, mais qu'elle croule sous des besoins qui sont immenses. Dans ces camps de réfugiés, les déplacés maliens sont, en effet, rejoints par les déplacés du Burkina Faso voisin.

En plus de cette situation humanitaire dramatique, la situation politique est aussi catastrophique d'après un autre rapport, celui d'ACLED (Armed Conflict Location and Event Data). L'ONG ACLED est une organisation qui recense partout dans le monde les victimes des conflits. Son décompte minutieux est doublé d'un travail le plus objectif possible sur les responsables des massacres et des morts. Ainsi ACLED pointe du doigt l'action des Russes au Mali, avec la présence sur place des fameux groupes paramilitaires comme Wagner ou le groupe Corps Afrique.

Une situation aux mains des militaires maliens et des Russes

L'ONG est catégorique dans ces propos : l'intensification des activités militaires russes au Mali est corrélée à la violence que subissent les civils. Les soldats russes ne font pas de distinction entre les jihadistes et la population et les méthodes sont radicales. ACLED évoque des décapitations, des tirs sommaires, des victimes brûlées, même lorsque ces dernières sont encore en vie. Le rapport parle d'un basculement dans l'horreur, avec une situation sur le terrain qu'il est difficile de vérifier, il n'y a plus de journaliste notamment.

Le Mali s'enfonce, et ce sont les militaires au pouvoir qui vont devoir assumer la situation. Nous ne sommes plus en 2022, lorsque la junte pouvait mettre sur le dos des Occidentaux et de la France les échecs liés à la guerre qui traversait le pays. Trois ans après leur prise de pouvoir, la junte a chassé la France et l'opération Barkhane de la zone il y a bien longtemps. Ce sont les Russes et les militaires maliens qui sont désormais responsables. Ils doivent assumer devant les Maliens la situation, ainsi que la dégradation de cette situation. La semaine dernière, encore 15 soldats maliens ont été tués dans le centre du pays.

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