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Réforme des retraites : la presse étrangère évoque une "défaite" pour Emmanuel Macron après le recours à l'article 49.3

La situation politique et sociale en France est aussi regardée avec attention par nos voisins. Et la presse étrangère a suivi attentivement les derniers événements à l'Assemblée ce 16 mars.

Article rédigé par franceinfo
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Le président de la République Emmanuel Macron lors d'une conférence de presse conjointe avec le Premier ministre britannique dans le cadre du Sommet franco-britannique à Paris, France, le 10 mars 2023. (GONZALO FUENTES/POOL / REUTERS POOL)

Politico Europe livre un verdict sans détour : le recours à l’article 49.3 est une "défaite", un "énorme revers politique" pour Emmanuel Macron. Le président a utilisé "l’option nucléaire" de la Constitution Française, faire adopter un texte, sans vote du Parlement, parce qu’il craignait de ne pas avoir de majorité. "Il manquait de soutien au Parlement, renchérit le New York Times, et c’est une décision qui va certainement enflammer un peu plus le climat politique en France déjà lourd d’une confrontation tendue".

Le Spiegel allemand parle lui aussi d’une décision "brutale". "Macron passe en force" renchérit Le Soir en Belgique. Déjà, jeudi 16 mars au matin La Vanguardia à Barcelone évoquait cette hypothèse du recours à l’article 49.3, "un signal de faiblesse politique" pour le journal catalan. Le gouvernement peut même tomber, prédit La Vanguardia, l’Assemblée peut être dissoute et la France basculer dans l’instabilité, le tout dans le contexte que l’on sait : guerre en Europe et tensions économiques. toujours jeudi 16 mars au matin, avant même le coup de théâtre du 49.3, Le Soir à Bruxelles évoquait "un poker géant" et la presse suisse "une roulette russe".  

Un étonnement sur le manque de dialogue

Les journaux étrangers reviennent aussi sur ces semaines de conflits sociaux et de manifestations. Ils insistent sur le conflit le plus visible de ces derniers jours, celui des éboueurs. Avec par exemple un dessin de Kroll, dans Le Soir de Bruxelles. On y voit Emmanuel Macron perché sur un énorme tas de sacs poubelles, jumelles sur les yeux, il scrute l’Assemblée nationale. En bas de la pile d’ordures, deux rats commentent. Le premier : "Président, si la réforme passe, vous rangez tout et c’est fini ?"  Le second, l’air ravi devant les ordures, rétorque : "Parle pas de malheur". Pour le New York Times, le président français, en refusant de négocier avec les syndicats a pris le risque de "cimenter son image de Jupiter en passant ses ordres d’en haut et en ne prenant conseil qu’auprès d’une poignée de personnes". "Emmanuel Macron est resté muet, il est animé par une culture de l’évitement", ajoute le Frankfurter Allegemeine Zeitung en Allemagne. Il peut devenir "un canard boiteux", renchérit le Guardian à Londres.

Plus globalement sur les grèves et les manifestations de ces dernières semaines, la presse européenne souligne à quel point l’opposition à la réforme est restée majoritaire en France. Malgré les nuisances liées aux grèves.

Un coup de chapeau à l'unité syndicale

Le Guardian britannique salue le "sacré combat" mené par les syndicats, et leur unité. "Ils ont montré qu’ils peuvent parler au nom des classes ouvrières et donné le ton pour d’autres combats ailleurs en Europe", conclut le journal britannique.  Parce que la France n’est pas la seule à connaitre des conflits sociaux. En Asie la presse chinoise se plait comme souvent à relever que les démocraties occidentales sont secouées par les conflits internes et les grèves en série. Et le New-York Times relève que le Royaume-Uni est lui aussi enlisé dans les conflits. Avec une nouvelle journée de grève massive mercredi, en particulier dans l’enseignement, le jour de la présentation du Budget par le gouvernement britannique.    

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