Cet article date de plus de deux ans.

Venezuela : victoire en trompe-l'œil pour le président Maduro lors des élections régionales

Le pouvoir sort renforcé du scrutin mais l'abstention très forte relativise ce résultat. 

Article rédigé par franceinfo - Jean-Marc Four
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le président vénézuélien Nicolas Maduro lors de son discours après les scrutins, à Caracas le 21 novembre 2021 (MIRAFLORES PRESS HANDOUT / MAXPPP)

À première vue, c’est un raz-de-marée électoral. Dimanche 21 novembre au soir, le président Maduro n’a pas caché sa satisfaction lorsque sur le coup de minuit et demi, il est venu commenter les résultats des 23 scrutins régionaux et de l'élection municipale à Caracas, la capitale : "Les forces révolutionnaires l’emportent dans 21 scrutins sur 24 et aussi dans la capitale Caracas ! Beau triomphe, belle victoire, belle récolte", s’est enthousiasmé Nicolas Maduro, dont la légitimité n’est plus reconnue par une cinquantaine de pays, essentiellement occidentaux, depuis la dernière présidentielle il y a trois ans.

Cette fois, sa victoire électorale est indiscutable, d’autant que le scrutin s’est déroulé dans le calme et sans fraude apparente. Le succès dans la capitale, Caracas, a valeur de symbole : le parti de Maduro y était représenté par une femme, Carmen Melendez. L'Union européenne avait été autorisée à dépêcher une mission d’observation, pour la première fois depuis 15 ans. Elle ne rendra ses conclusions que mercredi 23 novembre, mais la chef de mission s’est déjà félicitée du déroulement du vote.  

Une opposition très divisée

Il y a au moins trois explications à ce succès, alors que l’opposition, il y a trois ans, semblait en passe de pouvoir renverser le pouvoir autoritaire de Maduro. La première c’est que le parti de Maduro, le parti chaviste (du nom de son prédécesseur Hugo Chavez) conserve un vrai socle électoral, 20 à 25% des 30 millions de Vénézuéliens. À l’inverse, deuxième raison, l’opposition est très divisée. C’est un patchwork qui va du centre-gauche à l’extrême droite. Un chiffre donne la mesure de cette division : il y avait au total 70 000 candidats aux élections d’hier, 3 000 pour le parti au pouvoir (en rangs serrés), 65 000 pour les différents partis d’opposition. Et puis Juan Guaido, qui a un temps incarné l’alternative à Maduro, a perdu de sa crédibilité en adoptant des positions pas toujours très claires. Enfin, troisième raison : le pouvoir a fait des concessions, entrouvert la porte de négociations avec l’opposition depuis l’été dernier. Son image s’est donc un peu améliorée.  

Près de 60% d'abstention

Cela dit, près de six Vénézuéliens sur dix ont boudé les urnes, la légitimité des élus est donc assez faible. Là encore, au moins trois raisons à cette abstention très élevée : une partie de l’opposition, la plus dure, avait appelé au boycott du scrutin en considérant que c’est une parodie de démocratie servant à légitimer le pouvoir ; la population est désabusée, préoccupée surtout de joindre les deux bouts : l’inflation est galopante, avec un dollar redevenu roi et des salaires misérables ; et enfin six millions de Vénézuéliens ont fui le pays ces dernières années. C’est donc une victoire en trompe-l'œil pour le pouvoir de Maduro.    

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.