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Témoignages Guerre en Ukraine : réfugiés en France, des étudiants étrangers aujourd'hui menacés d’expulsion

Une partie des étudiants étrangers qui ont fui la guerre en Ukraine et se sont depuis réfugiés en France sont aujourd'hui menacés d’expulsion. Ces derniers ne bénéficient en effet pas de la même protection temporaire que les Ukrainiens.

Article rédigé par franceinfo - Pierre-François Plessis
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
L'université Panthéon-Sorbonne, centre rue de Tolbiac, le 14 septembre 2018. (ALEXIS MOREL / FRANCE-INFO)

Aladin est Algérien et a fui l’Ukraine à cause de la guerre où il préparait une thèse en photovoltaïque. "En Algérie, mon domaine n’existe presque pas. À la base, j’ai eu mon master et je voulais faire mon doctorat en photovoltaïque, mais il n’existe pas dans mon pays", insiste-t-il. Si Aladin est inscrit à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne pour l’année en cours, son avenir en France est en suspens. En tant qu’étudiant réfugié, il ne bénéficie pas d’un titre de séjour de six mois comme peuvent en bénéficier les Ukrainiens, mais d’un seul mois.

Afin de pouvoir rester, la préfecture exige que ces étudiants apportent une preuve d’inscription pour l’an prochain, et cela avant la fin du mois de juin. Cette exigence vise de nombreux étudiants étrangers partout en France, comme l'explique Jahan Lutz, membre du collectif étudiant le Poing levé à Bordeaux et élu au conseil d'administration de l'université Bordeaux Montaigne. "Ici, il y a 118 étudiants réfugiés d’Ukraine, qui n’ont pas la nationalité ukrainienne et qui ont une inscription pour l’année 2021-2022, expose-t-il. Ces étudiants demandent un titre de séjour à la préfecture. Le problème, c’est qu’elle ne délivre pas des titres de séjour, si les étudiants n’ont pas d’inscriptions pour 2022-2023." 

Pas d'inscription, pas de titre de séjour et inversement

Et malheureusement, les universités rechignent à inscrire les étrangers sans titre de séjour. Les étudiants sont coincés dans un cercle vicieux. Pour Aladin, les refus s'enchaînent, d'autres réponses se font attendre, tandis que son avenir est de plus en plus incertain, lui qui a tout misé sur ses études en Ukraine. "J’ai tout investi pour partir. Mon père a vendu sa voiture pour que je puisse aller en Ukraine. Ce que j’ai en Algérie ? Rien." 

Certains étudiants sont alors menacés d'expulsion soumis à une OQTF, une obligation de quitter le territoire français, et prier de rentrer dans leur pays de nationalité. Une situation inacceptable pour Jahan Lutz et le collectif.

Il y a une épée de Damoclès sur ces étudiants. Deux étudiantes ont déjà eu une OQTF. Elles sont menacées d’expulsion du territoire français alors qu’elles ont fui les mêmes bombes, la même guerre que les étudiants de nationalité ukrainienne.

Jahan Lutz, membre du collectif étudiant le Poing Levé et élu au conseil d'administration de l'université Bordeaux Montaigne

à franceinfo

Nissia est l'une de ces étudiantes. Contrairement à Aladin, et malgré une inscription à l'université Bordeaux Montaigne, cette jeune Algérienne qui a fui Odessa s'est vue notifier une obligation de quitter le territoire dès la fin de sa protection temporaire d'un mois. "On m’a dit 'même si vous avez une acceptation de la fac vous êtes Algérienne, vous devez repartir dans votre pays, demandez un visa D' (de long séjour NDLR) et soi-disant 'revenez'." 

Elle a déposé un recours devant le tribunal administratif et attend désormais une décision de justice qui validera ou non, son obligation de quitter le territoire français.

Des étudiants non ukrainiens réfugiés en France menacés d’expulsion - un reportage de Pierre-François Plessis

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