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Sur les routes de l'Europe. Bruxelles, le trop-plein d'étudiants français fait craquer les amphis

Chaque jour jusqu'au 26 mai, franceinfo prend la route pour faire découvrir nos voisins européens et dialoguer avec la jeunesse qui fera l'Europe de demain. 10 villes pour 10 étapes et un "roadtrip" européen. Dernière étape aujourd'hui : la Belgique et Bruxelles.

Article rédigé par franceinfo, Jean-Mathieu Pernin
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Des Manneken-Pis miniatures dans une vitrine d'une boutique à Bruxelles (Belgique). (JEAN-MATHIEU PERNIN / RADIO FRANCE)

Étape à Bruxelles. Les examens commencent mais la Wallonie s'interroge sur le nombre d'étudiants français présents en masse sur son sol. L'Union européenne est appelée à la rescousse. 

En passant le panneau Bruxelles, Elton John m’accueille. Sa chanson Rocketman  est jouée sur une radio du plat pays, elle accompagne mes derniers kilomètres. Pour cette ultime étape, le monde n’est pas au rendez-vous. Après un départ tôt de Luxembourg, la route se déroule tranquillement sans excès ni lassitude. Ce fil de béton, je le suis depuis Paris il y a deux semaines maintenant. Il semble sans fin et paraît toujours prêt à convertir celui qui arrive à le saisir. Il transforme le voyageur en nomade, il suffît juste de sortir de chez soi, toutes les routes sont là, droites vers son imaginaire. J’arrive dans le dernier hôtel de cette tournée. Enfoui au milieu d’immeubles modernes, il est tenu par une dame âgée dont le visage se creuse de rides heureuses au moindre sourire. La chambre sent le thym et le café froid, le dessus-de-lit flashe de mille fleurs jaunes, on ne choisit pas toujours ses refuges, l’important est qu’ils existent. Demain, une ultime chronique à la radio, le cœur un peu serré, l’esprit resté quelques part entre le Danube et les fjords, entre la grasse campagne vénitienne et le kitsch autrichien. Pour humer l’air d’un pays, il faut toujours faire un tour par les campus. Là-bas se trouvent les nouvelles tendances et les discussions qui excitent les cerveaux d’une contrée. Il faut bien sûr accepter la vue d’un diabolo, le goût d’un mauvais houblon et des gens en sarouel, le prix à payer.

Les étudiants français pas forcément bienvenus en Belgique

Au campus de Bruxelles, nous découvrons que l’enseignement supérieur belge est en pleine crise à cause…des Français. Pour finir ce périple européen, quoi de mieux qu’une querelle entre voisins devant tout le monde, puisque il s’agit d’un problème franco-belge à Bruxelles, lieu de la Commission européenne, bref tout l’immeuble est au courant. En Belgique, coté wallon, il y a 21 000 étudiants français. C’est beaucoup et ça commence à faire grincer des dents, ministres et doyens de facultés. En effet, selon eux, cet afflux de nomades estudiantins provoquerait un trop grand nombre d’élèves pour des salles qui ne sont pas adaptées.

En 2006, le pays d’outre-Quiévrain obtient de la part de l’UE l’autorisation de quotas pour étudiants étrangers concernant les filières médicales et paramédicales comme kiné ou vétérinaire. Aujourd’hui le trop-plein vient des étudiants en psychologie et en art. Sommes-nous à la veille d’un conflit entre la Belgique et la France ? Pas encore, mais ça tend tout le monde comme me l’a expliqué l’administrateur des écoles d’enseignement supérieur belge, Julien Nicaise : "Pour un certain nombre de Français finalement ce n'est pas un problème. À la limite tant mieux s'ils trouvent des études supérieures à bon marché, à bon niveau, à proximité. Ça correspond à 80 millions d'euros que la Belgique francophone investit dans vos étudiants pour leur permettre de faire des études alors que ces étudiants ne restent pas chez nous pour la plupart."

Julien Nicaise, administrateur des écoles d’enseignement supérieure en Belgique. (ERIC AUDRA / RADIO FRANCE)

Le coût de la vie, les logements et la bière moins chère et surtout une absence de sélection pour l’enseignement supérieur. Ils sont nombreux les étudiants à vous raconter avoir été recalé d’une grande école française faute de place et qui ont trouvé refuge dans le royaume belge. Maintenant, nouveau souci. Les récentes réformes du gouvernement français pourraient amener à plus de sélections en facs et dans les grandes écoles et encore plus nombreux seraient ceux à se tourner vers Bruxelles, Mons ou Liège. La crainte de la présidente des étudiants francophones, Chems Mabrouk : "C'est pour cela qu'on en appelle à un moment donné à ce que l'État français puisse en fait enlever ces sélections. Le système de sélection en France est scandaleux"

Chems Mabrouk, présidente des étudiants francophones à Buxelles (Belgique). (ERIC AUDRA / RADIO FRANCE)

C’est avec cette embrouille dans l’immeuble européen que nous arrêtons notre route. Demain, place à l’Eurovision. Y aura-t-il plus de votants samedi ou le 26 mai, la grande question de ces élections ?

Venise, Zagreb, Budapest, Vienne, Prague, Copenhague, Hambourg, Amsterdam, Luxembourg, Bruxelles... franceinfo prend la route pour faire découvrir nos voisins européens et dialoguer avec la jeunesse qui fera l'Europe de demain. Tous les jours à la radio (6h50 et 8h25) et à la télévision canal 27 avec Jean-Mathieu Pernin et Christophe Gascard.

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